Quel enchantement de suivre les élans de coeur des 5 demoiselles Bennet ! Dans une Angleterre victorienne magnifiquement restituée (admirables jardins paysagers, délicate porcelaine, robes longues et bottines, dentelles, cols à jabot...), les relations de classes sont corsetées par la rigidité des codes. D'un côté, les Bennet, issus de la petite bourgeoisie désargentée. De l'autre, les fortunés Bingley/Darcy, qui appartiennent à la haute bourgeoisie. Et l'on ne se mélange pas... Lady Catherine de Bourgh y veille. Voilà pour les préjugés. A la faveur d'un bal à Meryton, Elizabeth essuie la froideur méprisante de Darcy. Blessée par son regard hautain et ses propos désobligeants, elle ne comprend pas que ses manières grossières cachent en réalité le trouble profond qui l'anime. N'y tenant plus, obsédé par cette pétillante jeune femme au regard noir, il chevauche jusqu'à Longbourn et lui déclare fiévreusement ses sentiments. Toujours nourrie d'une rancune tenace, et bien qu'attirée par lui, Elizabeth l'éconduit sans ménagement. Il se maudit ; elle se maudit. Voilà pour l'orgueil. En 6 heures de diffusion, on a le temps de s'attacher aux personnages. L 'étude des caractères est très aboutie et l'on croise dans cette riche galerie de portraits le plus noble et le plus méprisable de la nature humaine : un père aimant, sensé, attentif et pince sans rire ; une mère superficielle, uniquement préoccupée de faire faire de beaux mariages à ses filles ; les 2 aînées -Jane, sage, discrète, indulgente, coeur en or et grandeur d'âme ; -Lizzie (Elizabeth), teint de porcelaine et pommettes roses, séduisante, éprise d'absolue ; Lydia, frivole, écervelée, inconséquente, capricieuse et tête à claques ; Kitty, dans l'ombre de Lydia ; Mary, bigote et sotte ; Bingley, gentleman courtois ; ses 2 soeurs, vénéneuses, intrigantes et manipulatrices ; Darcy, taciturne et ténébreux propriétaire de Pemberley ; Wickham, fourbe, sans scrupules, d'une effrayante duplicité ; le cousin Collins, clergyman vénal, onctueusement obséquieux... Et dans ce microcosme délicatement brossé, les sentiments se mêlent, s'entremèlent... Superbe adaptation de la fresque romanesque de Jane Austen !