Ben Stiller a ce talent unique de savoir multiplier les films qui marquent les enfances de tout un chacun; Mystery Men pour les uns, Zoolander pour les autres, Tonnerre sous les tropiques et La Nuit au musée pour moi. Talentueux comique, il se différencie des autres acteurs américains du genre par ses mimiques et la finesse habituelle (bien que relative) de ses comédies.
Et c'est parce qu'il se trouve loin de la lourdeur d'un Ferrell ou d'une McCarthy qu'il est si attachant : capable d'enchaîner les comédies autant que les drames (on se souvient de La vie rêvée de Walter Mitty), il déçoit rarement par son jeu, plus par les films dans lesquels il tourne. Est donc arrivé, après qu'il ait vraiment lancé sa carrière, le film qui le ferait connaître du grand public : La Nuit au musée, succès mondial devenu culte pour toute une génération.
Un destin célèbre pour un film qui démarrait mal : stéréotypé à l'excès comme n'importe quelle petite comédie pour enfant, nous présentant des personnages caricaturaux et manichéens, La Nuit au musée met une petite demi-heure pour pleinement convaincre. Il faudra logiquement attendre l'éveil du musée, le début du développement de ses occupants et les premières bourdes de Stiller pour se rendre compte du potentiel du film.
Proprement rêveur, il nous livre un univers visuellement très soigné, enchanteur et propice à la détente. On s'attache à tous ces personnages faits de cire ou de plastique, tous très bien développés; outre le duo Owen Wilson/Steve Coogan qui ravira clairement les enfants (parodie parfaite des boy-scouts américains), on pourra s'émouvoir de la belle interprétation d'un Robin Williams touchant par ses idéaux, son simple regard et l'histoire d'amour naissante qui fait toute sa sous-intrigue.
Conseiller avisé, il apporte une visée autre au personnage de Stiller, qui passe du banal père de famille américain peu intéressant au héros cinématographique destiné à mener les foules. C'est un leader dans l'âme autant qu'un cliché sur patte; c'est heureusement fait avec tellement de sincérité et de folie qu'on ne prête finalement plus grande attention à ses maladresses, les effets spéciaux généreux et les nombreuses cascades inventives assurant un spectacle honnête et conséquent, pour petits et grands.
On se souviendra des premiers pas nocturnes de Larry Daley (Ben Stiller, donc), de ce T-Rex hilarant fort bien fait pour l'époque, de ces hommes miniatures attachants étonnement très bien développés, de ces huns sensibles, de ces hommes de Cro-Magnon qui découvrent le briquet plus que le feu, et du charme de la talentueuse Carla Gugino, malheureusement absente de la suite (qu'Amy Adams remplacera avec soin et efficacité).
Certains apprécieront sûrement d'apercevoir Mickey Rooney, Bill Cobbs et Dick Van Dyke répartis en un trio de vieux briscards parodiant certainement les méchants de films à twist, personnages affichant sur leur front leur rôle de méchants du film, et développés suivant les codes majeurs du film d'enfant (discours faussement rassurant, regards forcés, plans qui restent sur un personnage en appuyant bien sur son air méchant).
Notons également une très bonne manière d'amener, de développer et de conclure les histoires amoureuses/d'amitié; outre le duo Wilson/Coogan précédemment évoqué, les amours qui se créent dans ce musée sont joués avec tant de justesse, de simplicité et de sobriété qu'on s'étonnera finalement d'être presque ému une fois le climax arrivé, émotion notamment permise par la faiblesse étonnante de Williams (qu'il transmet principalement par le regard et le non-verbal) et la beauté fougueuse de Gugino.
Un très bon film pour enfant qui garde cependant ce petit côté téléfilm dans sa réalisation et qui, tout aussi classique soit-il, nous amène suffisamment de folie pour nous embarquer rapidement dans ce retour en enfance. Soulignons avant de nous quitter la présence de Rami Malek en pharaons, second rôle désinvolte et brisant bien des codes pour le bonheur de jeunes spectateurs émerveillés. A montrer à tous les publics.