L'histoire d'un mec qui a une idée très conservatrice de l'amitié.
C'était mal parti d'avance, pas de nanas, pas de casse pour le fun ou le fric, une simple histoire de vengeance, aussi irréaliste que futile.
Mais c'est sans compter sur l'héroïsme de Clooney, pardon, David Ocean.
Déjà le troisième diront certains, et c'est sûr que les présentations sont plus que survolées.
En fait, on est tellement dans la routine que l'on est (très) décontracté, comme si l'on assistait à une réunion familiale avec les cousins dont on connaît les blagues par cœur et l'alcool aidant, on oublie presque que l'on traiterait de gros beaufs ces personnes si on les rencontraient à un congrès professionnel. On est bien, sans effort, on s'ennuie un peu, on ne rigole pas toujours, mais la photographie a un côté magazine seventies style international parfaitement choisi et maîtrisé. Pour le dimanche si l'on ne veut plus se poser de question, on peut y courir ... lentement.
Pour le cinéphile, ce n'est vraiment pas une réussite, c'est plutôt un private joke de deux heures avec de beaux gosses dedans, plutôt ciblé femme et homosexuel que cinéphile mâle, puisqu'il n'y a vraiment aucune nana.
Comme tout le scénario est expliqué à l'avance pour chaque scène, et que les problèmes sont très vite embrumés par des ellipses temporelles (le changement de la foreuse est un magnifique exemple du pouvoir d'un réalisateur paresseux et radin sur son script) qui font que le film ne paraît même pas long, si l'on ne s'est pas endormi. On pourrait même dire que la trame du film d'action n'est là que pour montrer quelques appartées presque grotesques comme les souvenirs d'enfance ou la séquence misérabiliste avec Oprah.
Ce qui est inquiétant, ce sont plutôt les petites remarques sur l'âge, si le tout juste trentenaire d'à peine 10 ans est déjà angoissé par le vieillissement, il est mal parti pour savourer sa quadritude.
Ocean 11 était un coup de pub parfait pour une sacrée équipe de veinards qui décrochaient la timbale sans trop se forcer, en parfait adéquation avec les deux têtes d'affiches, venues à Hollywood par hasard.
Ocean 12 était une fenêtre ouverte sur la difficulté de durer dans un milieu de flambe même si on avait trouvé un gros magot que l'on espérait faire fructifier, comme font des enfants au premier argent de poche.
Ocean 13 est encore plus rapide, il montre que l'on commence à penser à l'âge de ses artères, et que l'argent part plus vite qu'on ne le gagne, surtout quand on a des problèmes et des principes (pas de morale dans le mot principe, rassurez vous sur la sénilité de Soderbergh).
Donc c'est à la fois un long drink agréable, et un sacré boulet dans la carrière mouvementée de Soderbergh, puisque à part un développement très bobo sur son âge, ce n'est pas un film, malgré toutes les ficelles propres au film de bandit, sans doute trop prévisibles (et annoncées).