À l'époque où Pinocchio et Fantasia avaient été des échecs commerciaux
(la Seconde Guerre mondiale avait privée Disney les revenus du marché européen)
, Walt Disney voulait produire un film d'un genre particulièrement nouveau, entre l'animation et le documentaire, dont le but serait de promouvoir son studio en nous expliquant la fabrication de ses films et lui assurer un financement pour ses futurs projets. Nous suivons un célèbre humoriste de l'époque, Robert Benchley qui va visiter les studios Disney à Burbank pour essayer de vendre à Walt lui-même, une idée pour un film d'animation : l'histoire du Dragon récalcitrant. Ce film semi-documentaire de 1h12min, réalisé par Alfred L. Werker, est le tout premier film "live" des studios Disney, prises de vues réelles en y incluant toutefois différents courts métrages animés. Ce film est très important car il nous présente les étapes-clés de la réalisation d'un film d'animation à travers les différents départements du studio que traverse Benchley : la classe d'art, les effets sonores où les artistes réalisent les superbes bruitages d'un cartoon (Casey Junior, le petit train de Dumbo), la révolutionnaire caméra multiplane et l'animation (le film en noir et blanc se colorise avec une scène de Bambi qui est alors en post-production) et un extrait de Donald fermier (1941) avec Donald Duck ainsi que d'une séance d'enregistrement mémorable entre ce dernier et Clara Cluck par leurs doubleurs officiels, le mythique Clarence "Ducky" Nash et Florence Gill dans le court métrage Grand Opéra (1936) sans oublier l'atelier peinture et ces milliers de variantes de couleurs différentes. Des courts métrages viennent se rajouter : Baby Weems, l'histoire d'un bébé doué de parole et intelligent, présenté sous forme de story-board est assez ingénieux et nous permet de voir à travers l’œil du dessinateur ce que cela aurait donné en tant qu'animation très minimaliste (une prouesse technique) mise bout à bout des feuilles de papier. Puis un court métrage de la série Dingo qui est en faite le tout premier court de la sous-série des "Comment faire..." : Comment faire de l'équitation (1941) réalisé par Jack Kinney avec Dingo dans le rôle d'un cavalier apprenant à monter à cheval avec des gags énormes appuyés par le narrateur, certainement le segment le plus hilarant du film qui se finit avec le Dragon récalcitrant (1941), inspiré du roman pour enfants homonyme tiré de l'histoire Dream Days du romancier britannique Kenneth Grahame (1898) où nous suivons un petit garçon, à l'époque du Moyen-âge, qui rêve de devenir un chevalier et chasseur de dragon jusqu'à ce qu'il découvre un drôle de dragon qui déteste se battre : il aime chanter, manger, passer du bon temps mais il devra apprendre malgré lui à se comporter comme un véritable dragon... Cette séquence de 20 min, réalisée par Hamilton Luske et Ford Beebe, est un petit bijou de drôlerie et de tendresse qui reprend la trame scénaristique de Ferdinand le taureau (1938) et renvoie une morale en critiquant les intolérances et aprioris tout en restant drôle et sensible. Le Dragon récalcitrant à l'occasion de nous montrer certains artistes et animateurs jouant leurs propres rôles comme Ward Kimball (Dingo), Norman Ferguson, Frank Churchill (musique, pianiste), Fred Moore et Wolfgang Reitherman entre autres (certains sont même "caricaturés" au générique du Dragon récalcitrant^^) et également Walt Disney en personne. Malgré une réalisation quelconque pour la partie filmée, des explications parfois sommaires et une animation simple mais très efficace sur les courts métrages, le Dragon récalcitrant est le tout premier témoignage inestimable sur les studios Disney. À destiner, cependant, aux seuls passionnés de l'univers Disney.