Comme l’indique son titre, le film nous fait découvrir le peuple congolais à travers le fleuve Congo (4 700 km, soit le 8e plus long fleuve du monde mais seulement 1 700 km navigables, constituant l’unique voie de transport du pays) en partant de son embouchure ; au-delà des ténèbres fait référence à la nouvelle de Joseph Conrad (1857-1924), « Au cœur des ténèbres » (« Heart of darkness ») (1899), inspirée de son court séjour comme capitaine de steamer sur ce fleuve et qui a influencé, entre autres, Francis Ford Coppola pour son film « Apocalypse now » (1979). Le documentaire débute par un extrait du film « Stanley et Livingstone » (1939) d’Henry King avec Spencer Tracy dans le rôle de Stanley (la fameuse scène, « Dr Livingstone, I presume ? »). En effet, Henry Morton Stanley (1841-1904) a été le premier européen à naviguer sur ce fleuve. Son bassin versant est de 3,6 millions de km², dépassant la superficie de la République Démocratique du Congo (2,3 millions km²). Le réalisateur, en plus d’images d’archives, filme au gré des escales, de jour comme de nuit : équipage qui sonde le fond du fleuve, voyageurs cuisinant sur le pont, vivant avec leurs animaux domestiques et se lavant à l’arrière du bateau, tâches administratives du capitaine, dangerosité du fleuve (250 noyés), échouage d’une barge chargée de grumes pendant 3 mois, évocation de l’ université de Yangambi (qui possède un herbier remarquable de la flore d’Afrique centrale), palais de Mobutu (en ruines), passage des rapides (qui empêchent la navigation), restauration d’une voie ferrée sur 125 km (abandonnée depuis l’indépendance et où circulaient 4 trains / jour), mines de cuivre où des gamins fouillent les déchets (pour 200 F CFA / jour = 0,40 €). Kisangani (ex Stanley ville) est la ville la plus lointaine que l’on puisse atteindre en bateau depuis Kinshasa. Elle a aussi été le théâtre d’affrontements entre fractions armées du Congo et du Rwanda, ayant conduit à 12 000 femmes et enfants violées (86 ont été opérées de leurs blessures génitales).
Un documentaire qui privilégie les témoignages humains mais des repères chronologiques ainsi que cartographiques auraient été les bienvenus pour une meilleure compréhension.