Avec Babel et The Good German, Cate Blanchett avait récemment confirmé quelle était bien lune des actrices hollywoodiennes les plus talentueuses du moment. Pour ceux qui nen sont pas encore convaincus, elle remet ça ce mois-ci dans Chronique dun scandale.
Soit lhistoire de Sheba Hart, professeure dart dans un lycée anglais, mariée et mère de deux enfants, qui succombe à lappel adultérin, oubliant ainsi quelle ne se sent plus très bien dans sa famille. Une situation qui pourrait être un peu moins compliquée si lobscur objet de ses désirs nétait pas lun de ses élèves, âgé de 15 ans, et si lune de ses collègues, et amie, ne lavait pas surprise en plein ébat.
Bonjour le sujet-piège donc, mais Richard Eyre (réalisateur de Stage Beauty) a la bonne idée de bifurquer, et de ne faire du détournement de mineur que la toile de fond de la relation ambigüe qui va se nouer entre Sheba et Barbara. Brillamment campée par Judi Dench (grande comédienne anglaise, surtout connue du public mondial pour son être la supérieure de James Bond depuis Goldeneye), celle-ci voit dabord, dans leur secret partagé, une occasion en or de se rapprocher un peu plus de sa jeune collègue. Malheureusement, ce qui semblait nêtre quun besoin de compagnie va, peu à peu, tourner à lobsession, révélant la perfidie tapie derrière lapparente gentillesse de Barbara, qui nhésite pas à user du chantage comme arme, au risque de faire voler en éclats le cocon familial de son amie. De quoi faire monter progressivement la tension, jusquà linévitable point de non-retour, où les sentiments vont sexacerber. Mais, sans tomber dans le thriller, type Liaison fatale (malgré une musique trop appuyée, et souvent en décalage), Richard Eyre reste concentré sur laffrontement psychologique de sonn duo central, dont il donne à voir la solitude respective, avec un ton toujours juste, et une subtile pointe dhumour anglais qui rend cette Chronique un peu moins glaçante.