Lenzi s’est fait un plaisir de tourner dans le registre cannibale à la suite de Deodato, et sans forcément atteindre la force du cinéma de ce dernier, il a servi des séries B violentes et hors des conventions potentiellement en mesure de plaire au spectateur borderline. Reste que La Secte des cannibales est en dessous de Cannibal Ferox !
En fait l’histoire est bien moins qualitative. On peine à croire à cette histoire de secte écolo installée en pleine jungle de cannibales ! Moi je ne veux pas être méchant mais j’ai eu beaucoup de mal à accrocher à cette intrigue, qui trouve quelques justifications hasardeuses auxquelles Lenzi ne semble visiblement pas croire lui-même. Par ailleurs autant dans Cannibal Holocaust par exemple on peut se dire qu’il y a une volonté réaliste des exactions… autant là Lenzi nous les présente vraiment comme des faits racoleurs destinés à séduire le spectateur avide de sexe et de sang. Encore une fois c’est inhérent au genre, mais il faut savoir l’amener, sinon autant pondre un porno-gore ! Lenzi n’arrive pas ici à nous servir les scènes underground aussi bien que dans Cannibal Ferox, et bien moins bien que Deodato. Reste le rythme, quelques moments sympathiques, de la violence graphique qui ravira les amateurs, mais ça ne dépasse pas le stade du petit divertissement gore.
Le casting est emmené par quelques acteurs honorables, surtout Janet Agren finalement, à la fois très belle et pas mal dans son rôle. Bon on est loin de Cannibal Holocaust, mais les acteurs tiennent assez bien leurs personnages peu surprenants. On aurait pu espérer un peu plus d’effort d’un Robert Kerman un peu timoré, et Paola Senatore se montre trop théatrale. On regrettera un certain manque de réaction aussi, en particulier du côté féminin !
Sur la forme l’ambiance de jungle est correcte, la musique est bien quoique nettement trop discrète, il y a une volonté d’authenticité typique de ces films de cannibales, mais La Secte des cannibales sonne quand même bien plus toc que les références du genre. Ce n’est pas autant l’enfer vert, les cannibales ne sont pas aussi impressionnants, et en dépit de quelques scènes sanglantes très réussies, le film n’arrive pas autant à convaincre que Cannibal Ferox ou Cannibal Holocaust. C’est moins bien maitrisé, racoleur mais pas assez réaliste en fait.
Au bout du compte sans avoir été totalement déçu par La Secte des cannibales, force est de constater que c’est un Lenzi mineur. On sent trop le film vite emballé qui reprend la recette classique du genre, pour séduire vite un public déjà conquis. L’ensemble est loin de témoigner d’une véritable maitrise, et si la violence graphique, le jusqu’au-boutisme de l’entreprise, parviendront à divertir un spectateur sensible au genre, c’est quand même moyen. 2.5