Pas facile de succéder au demi-dieu Hayao Miyazaki, surtout lorsqu'il s'agit de son propre père... Et Goro nous l'avouerait presque - inconsciemment tout du moins - avec la scène d'introduction des "Contes de Terremer",
où un fils tue son roi de père
! Je ne voudrais pas faire de la psychanalyse de comptoir, mais il y a quand même de quoi être interpellé ! Quoiqu'il en soit, ce film d'animation - adaptation d'un roman d'heroïc fantasy américain -, débute merveilleusement bien ! Vraiment, j'ai trouvé les 3 premiers 1/4 d'heure du niveau des chefs-d'oeuvre d'Hayao : le graphisme, les couleurs, l'animation, la bande originale (mi-héroïc fantasy mi-celtique), tout cela est absolument somptueux ! Le rythme est excellent, malgré les phases contemplatives : un véritable petit bijou ! On sent aussi les influences philosophiques du père : écologie, liberté, asservissement volontaire, le thème des drogues en plus - un peu survolé toutefois... Malheureusement, la puissance du film s'essoufflera peu à peu : d'abord le rythme ralentira, quoique l'illustration de la vie à la campagne ne sera pas dénuée de charme, tandis qu'on rentrera par la suite dans un film trop bavard, ou des banalités ressassées sur le thème de la vie éternelle deviendront particulièrement fatigantes... Et puis, il y a cette sorcière, Aranéïde
(il y a d'ailleurs un souci dans la version française puisqu'elle est au début présentée comme un homme que l'on croit androgyne...), qui lors d'une bataille finale à la limite du grand-guignolesque nous accablera de ses grimaces...
Tels sont, selon moi, les deux défauts majeurs affaiblissant largement ce long-métrage. En revanche, le final est très joli, réussissant même à m'émouvoir. Au final, il manque certes un peu de poésie et de complexité dans la narration des " Contes de Terremer", qui sont peut-être un peu trop longs, mais il ne faut pas bouder son plaisir, c'est un film d'animation agréable et très bien fichu. Encourageant.