Rien ne va plus au royaume de Terremer : les ténèbres menaçent, et le jeune prince Arren, après avoir assassiné son père, éprouve une furieuse envie de mourir. Du moins au début, parce quun périple va lamener à croiser les routes de larchimage Épervier, de la jeune Therru ou de linquiétant sorcier androgyne Araneïde, et faire changer les choses, à la fin de ce conte qui prouve que, chez les Miyazaki, le gène de lanimation se transmet de père en fils. Car, après Hayao (dont la prochaine uvre sera entièrement réalisée à la peinture à leau), cest Goro qui prend crayons et pinceaux, et signe là sa première réalisation.
Lexpérience nétant pas la même, mieux vaut éviter la comparaison avec lauteur du Voyage de Chihiro (et du manga qui a, en partie, inspiré le film), dont il reprend certains thèmes fétiches (le passage à lâge adulte, notamment) et le même style graphique. À tel point quune légère impression de déjà-vu nous empêche dêtre pleinement admiratif de la qualité visuelle de ces Contes de Terremer. Mais dire de Goro Miyazaki quil ne fait que copier le cinéma de papa serait faux, car il appose à son film une tonalité plus sombre, et moins onirique. Autant une qualité quun défaut, car une ou deux envolées lyriques nauraient pas été de trop au sein dun récit qui, assez souvent, traîne en longueur pour arriver à son dénouement. Et encore, le tout aurait pu être bien plus long, le jeune réalisateur ayant choisi de ne retenir que les troisième et quatrième livres du Cycle de Terremer", prenant, au passage, le risque de dérouter les néophytes. Ce qui, heureusement, nadvient presque jamais. Dommage, par contre, que Miyazaki cède aux sirènes de lheroic fantasy dans une dernière partie qui convoque dragons et combats à coups de sorts pour un affrontement final riche en destructions massives.
Des Contes de Terremer à demi-convaincants, donc, mais qui marquent larrivée dun nouveau talent au sein du déjà bien fourni studio Ghibli. Affaire à suivre