Japprécie les films danimation japonais : « Le voyage de Chihiro », « Le tombeau des lucioles » ou, mon préféré, « Ghost in the shell ». Javais donc une grande curiosité envers la première uvre de Goro Myazaki, inspirée par les livres d'Ursula Le Guin. Jai retrouvé l'ambiance « fantasy » dans les décors soignés, avec le souci de conserver la symbolique terre-mer, dès la première séquence puis dans létrange cité portuaire dHorteville, mi-antique, mi-moyenâgeuse. La musique, omniprésente, souligne laction avec intelligence, tantôt dinspiration celtique, tantôt plus classique. Le scénario et les personnages sont sans surprise dans le contexte de lhéroïc fantasy : le magicien blanc (Epervier) en lutte contre le magicien noir (Aranéide), le jeune prince errant (Arren), la jeune fille un peu sauvage (Therru), le chasseur desclaves (Lièvre) serviteur du mal. Cependant, malgré ce manichéisme conventionnel, lhistoire nest pas claire et laisse certaines questions sans réelles réponses : pourquoi Arren assassine-t-il son père et pourquoi a-t-il un double? Qui est vraiment Therru ? Quel est le rôle des dragons qui apparaissent au début et à la fin ? etc. Par contre, les dialogues, eux, sont parfois dun simplisme navrant, exprimant une philosophie que lon peut qualifier sans hésitation « de bazar ». Mais ce qui gâche définitivement le film, cest la scène de laffrontement entre Arren et Aranéide, modèle de laideur et de ridicule et qui cause une rupture de ton désolante. Myazaki a oublié que « Le seigneur des anneaux » est passé par là et que le duel entre Saroumane et Gandalf au sommet de la tour dOrthanc rend sa séquence tout juste bonne pour la poubelle. Ce film est donc une demi-réussite, avec des moments daction et de poésie,des personnages attachants ou originaux (landrogyne Aranéide) mais aussi un manque de clarté et parfois même, ce qui est plus grave, de bon goût et d'esthétisme. Décidément, je donne toujours la palme à "Ghost in the shell"...