En-dehors de la platitude des traits du dessin (graphisme à la Rémi Sans famille), de la simplicité des ambiances médiévo-celtiques(la ferme bucolique, le château gothique, la campagne verdoyante, la vieille ville...), de la facilité de l'issue finale, cette histoire reste touchante, marquée par des moments de beauté et par des scènes horribles, le tout baigné de paysages très romantiques et enveloppé d'une musique qu'on peut au pire juger efficace, au mieux émouvante. Contrairement aux autres films estampillés Ghibli, bien différents, on atteint là une sorte d'épure minimaliste, qui met en exergue le sens du thème central du film, à savoir une lutte entre le refus de la mort et l'acceptation de la vie (couplée à la mort), qui génère haine de soi, fuite, schizophrénie... Bien qu'il reprenne des éléments éculés issus du merveilleux (héros, nature sauvage, dragon, sorcière, magie...), ce conflit psychologique à thème oedipien n'est pas destiné (en particulier) à un public jeune et certainement pas à ces ptis bouts de 4-7 ans (!) que leurs parents croient bien faire d'amener en salle. L'aspect "saccadé" au cours de l'animation correspond très bien à ce "bousculement" entre deux visions de la vie. Malgré des référents de type binaires à la STar Wars - on a bien les gentils, les méchants et même le "côté obscur de la force"-, on ne tombe pas dans le manichéisme puisqu'on rejoint plutôt le concept yin-yang de l'association des contraires en chaque être, qui met en avant l'importance du libre-arbitre, la recherche d'une réconcilation. Le déséquilibre se révèle ainsi bien plus intérieur qu'extérieur. Malgré ses défauts (graphismes anciens, dépouillement, lenteur, enchaînements parfois illogiques), je ne saurais noter durement une animation qui soutient de manière sensée et sensible l'espoir de l'apaisement dans la tempête.