Un film qui divise, et c'est normal. Un film qui ose, ce qui dérange le spectateur habitué au linéaire, aux dialogues structurés, à la musique d'ambiance , aux scénarios ficelés. Un film qui prends ouvertement le pari de déranger, tel ce regard caméra sacrilège de Louis Garrel ou ce dialogue téléphonique qui vire aux "Parapluies de Cherbourg". Un film qui n'échappe pas complètement à la mode Amélie Poulain, avec ces rencontres successives du même Garrel avec 3 jeunes femmes dans un style semi fantaisiste. Mais un film profond, un film dur, sous des dehors de comédie et de fantaisie. Le personnage de Romain Duris, à mon avis dans son meilleur rôle, plus convainquant en homme aux abois qu'en boute en train, est amené par la description crispée, volontairement saccadée, de ses relations houleuses et passionnées avec une jeune femme. La séparation logique et le retour à Paris, chez son père, débouche sur une grave mélancolie, et le frère essayera de le sortir de cette impasse. Le ton est sans arrêt entre le rafraischissant (louis Garrel), l'humour (excellent Guy Marchand), le pathétique (toujours excellent Guy Marchand), la comédie sentimentale, le fraternel, et le tragique (la depression et le suicide). Grâce soit rendue au réalisateur d'avoir semble t'il laissé une certaine improvisation (ou en tout cas d'en avoir donné l'impression ) aux interprètes, rendant les situations, les dialogues, plus vrais, plus touchants. C'est par le style que, le plus souvent, un film s'impose, beaucoup plus que par l'intrigue. C'est encore une fois vrai.