Vivons-nous vraiment dans ce monde où la vie la plus quotidienne peut brutalement se transformer en cauchemar absurde ? Subissons-nous vraiment chaque jour ces contraintes des règlements, des lois, des autorités, des institutions ? La plupart du temps, nous ny pensons même pas, nous ne faisons que ressentir instinctivement une peur permanente : peur dêtre en infraction, de commettre une erreur, peur de perdre notre travail, de ne pas en retrouver et dêtre mis au ban de la société. Mais ce matin-là, Alex (Gilbert Melki), comptable et citoyen ordinaire, ne joue plus le jeu : il se « rebiffe » lorsquil est interpellé à la sortie du métro pour avoir allumé sa cigarette un peu trop tôt. Et à partir de là, tout va senchaîner très vite car Alex veut « comprendre », faire « valoir ses droits » lorsquil assiste à un contrôle de police puis se retrouve enfermé au commissariat. Son attitude insolite le fait déclarer « agité », ayant besoin de repos et de soins, en un mot « fou » relevant de lhôpital psychiatrique. La perte de son poste nest quune cerise sur ce gâteau dabsurdités. Bien sûr, on songe à Kafka, on pense que la mésaventure dAlex est extrême lorsque sa femme Béatrice (Sandrine Kiberlain), taxi et citoyenne ordinaire, signe sans sen rendre compte, lautorisation dinterner son mari. Mais prenons garde, suivons le conseil de la secrétaire de lhôpital qui nous donne la clé du film : « Que chacun reste à sa place ! », sinon
Rassurez-vous, on rit aussi dans cette histoire. Emmanuelle Cuau brosse toute une galerie de portraits rapides et incisifs de personnages cocasses ou émouvants : les clients du taxi de Béatrice, les « aliénés » de lhôpital psychiatrique, les collègues dAlex. Je vous laisse la surprise de découvrir comment celui-ci finit par retrouver une vie « normale », en bousculant la morale certes, mais aussi en prenant cette société (répressive ? déresponsabilisée ? absurde ? déshumanisée ? sans doute tout cela à la fois
) à son propre piège!