Un sentiment de frustration incroyable résultant d'un potentiel extraordinaire malheureusement partiellement exploité. Le dernier-né du cinéaste Français le plus intéressant du moment (j'ai nommé Olivier Assayas) mettant en scène le couple Asia Argento-Michael Madsen est découpé en trois actes distincts, chacun offrant des pistes cinématographiques différentes, nouvelles, audacieuses, nées d'une profonde réflexion. Tout d'abord, le réalisateur offre une variation passionnante du genre noir, certes exercice de style mais ô combien virtuose. L'élément principal demeure dans l'utilisation de l'espace et des possibilités multiples qu'offrent les codes policiers, ici magistralement détournés. L'intensité psychologique est présente, notamment à travers une étonnante confrontation du duo principal au cours de la première scène. Celle-ci sera approfondie dans la deuxième partie, laquelle se permet d'exploser les règles du temps, le tout doublé d'une brillante interrogation sur la durée, la place qu'occupe le passé dans le présent, la façon dont il peut être retranscrit dans le film sans recourir à de grossières techniques narratives. Assayas refuse le spectaculaire et même le huis-clos traditionnel : il RÉINVENTE le septième art avant de relier tout cela au dernier acte par l'intermédiaire d'une mystérieuse déclaration suscitant diverses interprétations : "le cliché d'une époque révolue", qui qualifie ironiquement Michael Madsen. O.A. s'attaque ensuite à la mondialisation, sans la critiquer mais en y explorant les côtés les plus obscurs. Il rend hommage ici et là à ses maîtres (je vous laisse deviner les références), métaphorise la nouvelle vie, parle de paradis, d'enfer, de pêché ou encore de rédemption. Le regard est hésitant, splendide, magique, esthétiquement irréprochable mais il ne possède ni fil conducteur, ni démarche construite, effleure simplement des sujets plus ou moins logiquement. Par contre, Asia Argento est exceptionnelle.