Il y a le Téchiné sentimental, et le Téchiné social, entre réflexion politique ou historique (l’Algérie dans Les roseaux sauvages, le Sida dans Les témoins) et exploration des contradictions de l’être humain dans ses désirs (Hôtel des Amériques en est peut-être la quintessence). Bien souvent dans ses films, même si Hôtel des Amériques est l’exception qui confirme la règle, Téchiné traite les deux thèmes à la fois.
Dans Les témoins, une première partie se consacre aux paradoxes des désirs, aux passages soudains et irrationnels de l’amour à la haine et vice versa ; puis, le film petit à petit se concentre à l’apparition du virus du sida dans les années 80. Le passage de l’un à l’autre se fait avec le passage de la vie à la mort de Manu, signe de l’extinction des sentiments amoureux. Quand Adrien trouve un nouvel ami, tout est plus calme, répété, les passions ont disparues, Sarah parvient à finir son livre, et la paix s’annonce entre Mehdi et Adrien. Le film se veut donc plutôt optimiste, en témoignent les dernières images chaleureuses et solaires, comme si la mort aidait, poussait, même, à vivre.
Le réalisateur, comme à son habitude, met son histoire en scène dans un style vif et flamboyant, dans un rythme effréné et avec une totale maîtrise. Des scènes magnifiques jalonnent le film : celle de la péniche, celle de l’opéra, celle symbolique de la mort de Manu, etc. Le tout porté par un excellent casting – Julie Depardieu, Johan Libérau et Michel Blanc largement en tête, tout de même.