J'ai du mal à parler du film à proprement parler pour l'instant, car il m'a déçu, alors que j'aurais tant aimé l'aimer. Je manque de distance, à cause du sujet, et je l'ai vu cet après-midi, il faut le laisser décanter, peut-être. La déception vient beaucoup des comédiens qui se parlent à toute allure, et j'ai trouvé une fois de plus Emmanuelle Béart minaudante et pas crédible. Poseuse. Michel Blanc déclame un peu trop, et parle comme si tous ses partenaires étaient sourds. Je suis content cependant d'avoir revu Maïa Simon, dans le rôle de le mère d'Emmanuelle Béart. Bouajila est très bien par moment, Julie Depardieu en cantatrice, désolé, mais je n'y crois pas, son play back est nul. Elle n'ouvre pas la bouche, comment peut-on croire que la voix qu'on entend sort de ses poumons ?
Johan Libéreau est un peu léger pour le rôle, mais il fait passer beaucoup du charme de Manu.
Enfin, je trouve que ce film manque singulièrement d'émotions. Téchiné, sans doute pour éviter de tomber dans le mélo, livre un film un peu sec. Pourtant, Dieu sait qu'on a eu peur et qu'on a pleuré, dans ces années-là. D'autre part, Téchiné filme complaisamment Emmanuelle Béart nue sans arrêt, alors qu'il n'arrive pas à affronter la nudité masculine. Ou furtivement, comme s'il agissait en voleur ou en voyeur. Quant à la musique, omniprésente, j'ai cru reconnaître la partition de Philip Glass dans "THE HOURS". Alors c'est soit du plagiat, soit du copié-collé. Mais Philippe Sarde s'était déjà contenté dans LES SOEURS FACHEES, de nous ressortir, 20 ans après, la même musique que pour GARCON, de Claude Sautet.
L'affiche est aussi une copie de celle de CLOSER.
Si les jeunes peuvent entr'apercevoir ce qu'a pu être le début de ce fléau qu'est le SIDA, alors Téchiné aura réussi son but, et c'est ce que je lui souhaite. Mais les dialogues souvent didactiques ne les y aideront pas beaucoup.