L'un des plus grands réalisateurs Français en éruption aux commandes d'un film sur une époque qu'il a vu défiler devant ses yeux.Il reprend ici tous ses thèmes fétiches (amour,mort,adultère,sexe,mort),dans un joli capharnaum de sentiments variés.Téchiné arrive à trouver un tempo impeccable (seul les 5 premières minutes sont étonnement speedées):on ne s'ennuie pas une seconde.Cependant,la fin de son film s'étire inutilement (sans que l'on s'ennuie),et le film s'arrête sur un point qui n'aurait pas du être celui-là:Tout le monde s'est remis de ses problèmes,de ses complexes,de ses anxiétés,de ses envies,ses caprices.Tout le monde ou presque.Celui qui porte le S.I.D.A.,cette maladie à l'époque toute nouvelle qui effraya alors toute la population et défraya par la même occasion la chronique,celui qui s'apprête à mourir,qui joue avec le désir au coin d'un feu qui crépite,qui essaye de rester seul,éloigné d'un monde qui souffre pour lui,comme pour tant d'autres,ne termine pas sa vie comme il l'aurait voulu,ou plutôt comme les autres l'auraient voulus.Des personnages bluffants de sympathie et de complexité mis en scène avec brio,une photo des plus habiles et des acteurs éblouissants de vérité (Emmanuelle Béart est d'une sensualité sans nom),Téchiné sait apparemment tout magnifier.A l'exception d'un final terriblement vain et interminable et de quelques scènes agaçantes,"Les témoins" est un beau film.Qui montre encore aujourd'hui la vulnérabilité de l'être (dans tous les sens du terme),qui montre l'espoir,la tranquillité d'un homme qui s'éteint,la bienfaisance morale de ce qui se révèle être les pires connards du monde,des gens normaux en somme,qui montre aussi qu'aimer est le bouclier contre la fatalité.Une fatalité résolue à triompher chez chacun.On n'échappe pas à notre sort,et encore moins à l'amour.L'amour moche,l'amour sale,l'amour violent,l'amour de l'espoir,l'amour sans nom,l'amour à mort.