L'Amérique des années 50. Dans la banlieue pavillonnaire de Suburbicon, tout le monde est secoué par l'arrivée d'un couple Afro-américain, mal vu de toute la population. Mais c'est dans une maison adjacente que se passe quelque chose de plus terrible, après un cambriolage qui a mal tourné, le jeune Nick perd sa mère. Son père et sa tante affrontent le deuil avec courage mais semblent très proches... Quand Nick creuse un peu, il s'aperçoit que son père, citoyen modèle en apparence, est le responsable d'un sacré plan machiavélique dont la mécanique s'enraye peu à peu... Nouvelle réalisation de George Clooney co-écrite par les frères Coen, ''Bienvenue à Suburbicon'' saura en effet séduire les amateurs des films noirs des deux frangins, on y retrouve la même ironie (doublé ici d'un portrait au vitriol d'une Amérique profondément raciste, se déclarant prête à accepter les personnes de couleur si elles font un effort d'éducation alors que les Blancs ne font aucun effort pour les accepter), la même mécanique qui déraille et les mêmes personnages, des salauds égoïstes, veules et stupides. Clooney, réalisateur inspiré quand il a le bon scénario entre les mains, devrait être aux anges avec le film mais celui-ci, sans être mauvais, se montre décevant et finalement peu surprenant. La faute avant tout à une première partie un brin laborieuse, mettant plus de quarante minutes à véritablement lancer la machine. Une fois en route, celle-ci, bien que constituée de quelques détails prévisibles, est un véritable plaisir à voir dérailler, montrant que Clooney, ses co-scénaristes et ses acteurs semblent se régaler dans le genre, livrant un petit jeu de massacre bien grinçant. On aurait pourtant aimé que le film aille encore plus loin et que son rythme soit plus resserré. Clooney, pas forcément à l'aise dans ce registre qui sied si bien aux frères Coen, a du mal à faire décoller notre intérêt pour les personnages, les acteurs livrant des prestations au final peu inspirées à l'exception du jeune talentueux Noah Jupe et de Oscar Isaac dont les courtes apparitions sont totalement réjouissantes. Parfois coincé le cul entre deux chaises, entre un film totalement Coenien et un film plus politique, ''Bienvenue à Suburbicon'' parvient à redresser notre intérêt dans sa seconde partie mais manque de souffle pour véritablement s'imposer.