Les faits sont là, et personne ne pourra les nier : une force irrésistible semble attirer certains de nos réalisateurs français outre-Atlantique, et ce depuis quelques années déjà. Des voyages à titre professionnel, mais qui débouchent hélas sur des fortunes diverses : car pendant Jean-Pierre Jeunet et Alexandre Aja impressionnaient Hollywood avec “Alien, la résurrection” (1997) et le remake de “La Colline a des yeux” (2006), d’autres ont bien vite déchanté, à l’image de Xavier Gens (“Frontière(s)”), remercié au cours du montage d’un “Hitman” plutôt bancal. Même s’ils ont pu mener le projet à terme sans trop de problèmes, le duo David Moreau-Xavier Palud se rapproche pourtant de ce dernier, sans pour autant démériter sur toute la ligne. Car si “The Eye” confirme un savoir-faire technique déjà à l’œuvre sur “Ils”, leur premier long métrage, c’est côté scénario que cette relecture du succès chinois éponyme patine, incapable, pendant un long moment, de faire avancer l’histoire de cette jeune musicienne qui, suite à une greffe de cornée destinée à lui redonner la vue, se met à voir des gens qui sont morts (un peu comme dans “Sixième sens”, Bruce Willis, le twist final et lle brio en moins). Ce qui nous vaut la répétition d’un même schéma de scènes, qui finissent par nous plonger dans l’ennui, malgré deux ou trois belles montées du trouillomètre, et une Jessica Alba plutôt convaicante, qui parvient à rendre palpable la nouvelle condition de son personnage, bien aidée en cela par les metteurs en scène, en particulier lors du passage de la fête surprise, où le travail sur le son et l’image est en tous points remarquable. De quoi nous faire regretter la tournure convenue que prend ce mix de “Sixième sens”, “The Ring” et “Prémonitions” (nanar avec Sandra Bullock qui, il faut l’avouer, n’est pas la meilleure des références en matière de thriller fantastique), qui tourne longtemps à vide, déçoit mais n’en reste pas moins regardable.