« Les Ambitieux » ! Les personnages de Catherine Corsini sont de cette race. Dabord ce craquant jeune homme, entre nounours et koala, que Karin Viard a raison de vouloir materner. Il est tout simplement comme tant d autres, lâche, faible, laissant la vie décider à sa place, désirant le succès, oui, mais pas prêt à lassumer. Eric Caravaca se glisse avec nonchalance et séduction dans le personnage. Et bien sûr léditrice sans scrupule, aux apparences dacier, mais elle détient un secret, cette Judith Zahn
aux dents longues ! Ambitieux, Simon, lui, ne lest pas. Il cherche juste un ami, un toit, et sa présence est un coup de poing qui crève lécran. Exceptionnelle performance de Gilles Cohen, rôle bouleversant que ce SDF, acteur raté, au bord de la folie. On samuse aux cocktails germano-pratins, on admire le pull rose de Jacques Weber, cette crapule danimateur littéraire qui ne pense quau sexe. On sourit de lécrivain velléitaire et ses tergiversations, et des creuses périphrases de léditrice qui na pas lu luvre quelle doit juger. On sennuie un peu, aussi, avec lhéroïne, pendant ses parties de jambes en lair. Et puis tout bascule. Le passé surgit, et le film nest plus une comédie sur le milieu de lédition. Cest lhistoire poignante dune enfant à qui lon a menti, et qui, devenue femme, ne supporte pas que lon évoque son père devant elle. Karin Viard ajoute encore des nuances sur sa palette de sentiments déjà si riche. Judith ne se bat pas vraiment contre ce gros bêta de Julien qui, lui aussi, a cru sen tirer par la dissimulation. Elle se bat contre elle-même et pour savoir pourquoi elle a cherché à simposer en écrasant les autres, et, quand elle aura trouvé la réponse, devenir capable daimer. Jaime ces comédies qui sous le vernis de la satire, nous emmènent à la recherche de lâme. Attention aux larmes qui pourraient submerger les enfants que nous sommes restés, en voyant à lécran les ravages du mensonge qui peuvent durer toute une vie.