Nanni Moretti, une fois n'est pas coutume, s'efface en temps qu'acteur pour raconter cette histoire de réalisateur en fin de course. Il n'est là que pour le message politique, pour incarner lui même son pire ennemi, Berlusconi, au cours d'une scène haute en couleur, qui vient conclure de façon subtile une comédie dramatique menée tambour battant. Grâce à ce clin d'oeil final, Moretti tape un grand coup, assene son message politique, sans déséquilibrer le film dans son ensemble. L'acteur Silvio Orlando, une habitué des films de Moretti, rend palpable la détresse de ceux qui sont finis, qui ont perdu la confiance de tous, producteurs, acteurs vedettes, réalisateurs...Ce côté "raté" que dégage ce personnage, accentué par l'incroyable nullité de ses anciens films à succés, des sériez Z de la pire tenue, est compensé par l'humanité du personnage, bon père de famille mais malheureux en amour. Son dernier acte, sa dernière carte, il croira la trouver en la personne d'une jeune réalistarice inexpérimentée qui a un projet de film à fort message politique, le fameux "Caiman", une description sans tabous de tous les petits secrets et mensonges de Belusconi. Mais Moretti est un réaliste et bien entendu le projet échouera, dévoré par le Caiman et tout ce qu'il représente. D'où la necessité de la scène finale, à la fois satire et autodérision. Tel Chaplin dans le Dictateur, Moretti montre que l'identification du dénonciateur au personnage haï est une approche forte, convainquante, de la critique politique et sociale.