J'en gardais un souvenir légèrement mitigé, notamment dû à un visionnage dans une copie innommable (et en VF), ce qui n'avait pas clairement aidé à l'appréciation de ce classique du genre. Ce qui est vraiment très notable dans « Terreur sur la ligne », c'est cette façon dont Fred Walton et son scénariste Steve Feke ont de construire leur suspense, loin des facilités visuelles et sonores devenues monnaie courante aujourd'hui, jouant énormément sur le décor, une angoisse sourde consistant à ne presque rien montrer, se focalisant presque exclusivement sur la sonnerie du téléphone. Cela s'avère d'une efficacité redoutable, prenant le temps de jouer avec les nerfs du spectateur, sans se départir de son apparente simplicité, offrant une (très) longue introduction des plus aboutis. La suite ne sera pas réellement plus classique, le réalisateur décidant de suivre aussi bien le policier chargé de retrouver le meurtrier évadé que ce même tueur, apparaissant plus comme un malade presque totalement inconscient de ses actes qu'un génie du Mal comme on les voit si régulièrement désormais, lui donnant un aspect presque « touchant », en tout cas nettement plus nuancé que de coutume et donc, là encore, inhabituel pour le spectateur. On évite ainsi tous les clichés inhérents au registre : aucun « jump scare », aucune facilité sanguinolente, utilisation intelligente du hors-champ et quelques idées vraiment bien trouvées
(l'assassin dans le lit, notamment!)
, le choix des interprètes (Charles Durning, Carol Kane, Tony Beckley) s'avérant très pertinent. Il est un peu dommage de résumer l'œuvre à ces quelques lignes, mais le mieux est encore de vivre l'expérience par vous-même : celle d'un suspense vraiment pas comme les autres, prouvant, si besoin était, que le budget ne fait pas tout et peut être largement compensé par une ingéniosité formelle et rédactionnelle à toute épreuve. Une réussite.