Très agréablement surpris par la qualité de ce film dont j'attendais beaucoup moins. On est ici un peu dans le même principe que Dexter puisqu'on partage la vie, les pensées et les techniques d'un tueur en série (Kevin Costner) qui, après 2 ans sans tuer personne, rechute et commet une "erreur de débutant". Film démonté par la presse sans grande raison, pour ma part je ne l'ai pas trouvé si raté que ça, bien au contraire. Certes le film contient quelques défauts, mais se permet au moins de ne souffrir d'aucune grosse incohérence, ce qui se fait plutôt rare dans le cinéma policier. L'intrigue est intelligente, recherchée et plutôt surprenante. L'intérêt principal est de voir Kevin Costner évoluer en tueur en série organisé, malin, terriblement intelligent et drôle. Ce personnage est assez passionnant psychologiquement parlant, tout d'abord parce qu'il est toujours en conflit avec sa mauvaise personnalité, Marshall, celui qui aime tuer (il n'est pas exactement question ici de dédoublement de la personnalité). Cette deuxième personnalité interprétée par William Hurt est assez amusante et le duo marche d'ailleurs impeccablement bien. Il est génial de suivre le processus psychologique de ce tueur, sa démarche, ses envies de tuer mais également de se contrôler, sa logique et son efficacité impressionnantes (le coup de prévoir son propre suicide, tout en prévoyant une échappatoire au cas où il changerait d'avis, tout en prévoyant une autre solution au cas où il reviendrait encore sur sa décision, c'est du pur génie, vraiment très fin). Autre élément de l'intrigue franchement passionnant : le rapport qu'entretient Mr Brooks avec sa fille Jane. J'ai adoré ce sujet, notamment les doutes que le père a toujours vis-à-vis de sa fille (dans le cas où sa "maladie" ait été héréditaire). Le film se termine d'ailleurs sur une note très surprenante (franchement, je ne vous dis rien mais ça calme violent) qui en dit long sur l'angoisse qu'a le père de se faire tuer un jour par sa propre fille, d'autant qu'on ne saura jamais si elle-même est vraiment une tueuse. Le dénouement est sur fond de "Vicious Traditions" de The Veils, musique sublime qui colle parfaitement à l'ambiance et le petit choc que subit le spectateur. Cet aspect psychologique est très fort et j'ai adoré, personnellement, la manière dont ce termine le film. On peut même pousser plus loin l'analyse en donnant un sens à son "double maléfique". A un moment dans le film, Earl s'adresse à Marshall en disant "Tu étais un héros pour moi". De même, lors d'une autre scène (je ne révèlerai pas laquelle), Earl dit à quelqu'un : "avant de devenir le tueur de l'ombre, j'ai tué beaucoup de gens, de différentes façons...". Il dit cette réplique avec rage et ces deux éléments peuvent nous faire penser que Earl a tué son père quand il était plus jeune (pourquoi pas l'un de ses premiers meurtres) et que "Marshall" soit justement la matérialisation de ce père. Cette théorie n'engage que moi, mais je la trouve assez forte dans le sens où, avec ce détail supplémentaire, la fin du film est tout simplement monstrueuse et prend une profondeur incroyable. Bref, voilà concernant les excellentes qualités du film. Quelques défauts maintenant, car il y en a. Pour moi, le problème de ce film se situe dans l'intrigue secondaire, celle de Demi Moore. Je n'arrive toujours pas à comprendre l'intérêt de ce personnage, si ce n'est la dualité intéressante entre l'inspecteur Atwood (femme rejetée par son père qui a dû se battre pour en arriver là) et Jane (la fille de Brooks, qui au contraire cherche sans cesse à être pistonnée pour réussir). A part ça, non seulement Demi Moore a déjà été plus en forme (honnêtement, en tant qu'actrice je l'ai trouvée particulièrement mauvaise, pas aidée par son personnage totalement improbable et pas crédible), mais en plus son intrigue avec l'ex-mari est nulle et sans intérêt. Mention spéciale à la scène de fusillade dans un couloir sur fond de musique techno, on se demande vraiment ce que ça fout là tellement c'est ridicule. A part ça, le film se regarde vraiment bien mais vaut surtout le coup pour Kevin Costner, un acteur que j'apprécie toujours autant avec les années.