Qu’est-ce qui s’est passé ? a-t-on envie de lancer au réalisateur Barry Levinson et au scénariste Art Linson, traduction littérale du titre du original film, What Just Happened, devenu Panique à Hollywood dans l’Hexagone, sans passer par la case cinéma.
C’est par le biais d’un puissant producteur, Ben, joué par Robert De Niro, que Panique à Hollywood nous invite dans les coulisses d’Hollywood, symbole indétrônable du cinéma dans le monde entier, où un homme s’apprête à nous narrer sa chute – on repense tout de suite à Casino de Scorsese où De Niro nous contait son avènement et sa chute dans une fresque monumentale sur Las Vegas. Rien de monumental ici où la cruauté antiartistique est incarnée par Catherine Keener – la plus foudroyante cinquantenaire d’Hollywood avec Julianne Moore ? – en directrice de studio qui veut charcuter le nouveau film produit par Ben pour répondre aux attentes d’un public puritain et conformiste. Le message est clair et chaque cinéphile le connait bien : pour faire du blé, ce que recherche avant tout les studios et producteurs – j’espère ne pas faire une terrifiante révélation pour vous –, il faut faire des concessions qui n’ont aucune considération pour l’aspect artistique des films.
De Niro mène une vie misérable, rongée par le stress et le film tente en vain, par le biais d’un montage nous informant de l’heure à chaque séquence et insérant des passages du trafic automobile en accéléré et autres inserts urbains, d’être nerveux et rythmé. C’est totalement foiré puisque j’échangerais volontiers mes semaines surchargées contre celles de De Niro, ridiculement calmes en comparaison. Mais le problème ne se limite pas au montage, ni à la mise en scène proche du documentaire, Panique à Hollywood, qui semble vouloir être une satire d’Hollywood (ou alors je n’ai pas saisi la portée du film), se contente d’effleurer la surface de ses thèmes. Là où une série comme Entourage est efficace (en plus d’être résolument drôle) et immersive, Panique à Hollywood passe en revue des idées qui auraient mérité un développement plus rigoureux (ou original) ; dès lors, le film ne repose plus que sur les épaules de son casting alléchant qui, bien que sympathique et concerné, ne peut rien faire pour sauver cette Panique à Hollywood, comédie dramatique fade sur les dessous (biens connus) de la Cité des Anges.