Coraline c'est le grand retour par la petite porte du géant Henry Sellick ... C'est à dire, ni plus ni moins que le réalisateur du cultissime Etrange Noël de Monsieur Jack, objet déjà clivant au moment de sa sortie, en 1993. Loin de s'être laissé démonter, Sellick revient, en 2009, avec ce nouveau petit bijou d'animation en stop motion, afin de prouver à qui veut bien l'entendre qu'enfantin ne rime pas avec niaiserie, et qu'animation rime avec frissons!
Tout d'abord, le long-métrage se distingue du tout venant par son ambiance maladive et inquiétante, ces chara-design typés et extrêmement expressifs, de même que par une bande sonore pour le moins... Particulière. En effet, contrairement à la plupart des films d'animations modernes, les partitions s'apparentent à des chœurs accompagnées seulement par quelques notes de piano, de cuivre ou de harpe. L'ambiance sonore s'inspire de comptines, ritournelles ou encore des ballades anglaises, conférant au film un aspect poétique envoutant.
L'autre force de Coraline est le travail minutieux sur les décors. Le film se déroulant en huit-clos, Sellick et son équipe ont du déployer des trésors d'ingéniosité, tant du point de vue architectural que dans le travail sur les environnements extérieurs pour captiver l'attention des spectateurs et retranscrire les différentes ambiances. D'où un sentiment de constantes découvertes, aucunement freiné par la rigidité de la technique.
Mais la principale qualité du film demeure l'univers dans lequel prend place l'intrigue. En effet, l'univers de Coraline est toujours à mi-chemin entre le conte de fée traditionnel et la nouvelle fantastique. C'est dans cet aspect lugubre que le film trouve son principal intérêt. Loin de ne s'adresser qu'aux plus jeunes, Coraline est un divertissement sur lequel chacun sera libre de projeter ses propres rêves et incertitudes. La dimension sombre de l'œuvre est pertinente en ce qu'elle offre au spectateur la possibilité de l'interpréter de manière totalement différente suivant son âge.
Pour résumer, on pourrait parler d'une sorte de cadeau empoisonné du papa de Jack Skellington qui nous met en garde contre nous-mêmes, contre le regard que nous portons sur les choses et les autres. Et nous rappelle que, parfois, il vaut mieux se contenter de ce que la vie nous donne et non se laisser emporter par nos rêves.