Quelques-uns sy cassèrent les dents, Elie Chouraqui en a eu le courage : sattaquer à la transposition du livre de Lapierre et Collins sur la genèse de lEtat dIsraël. Entreprise risquée. Force est de constater que la tâche fut trop ardue pour le réalisateur. Sur le fond, il était difficile daborder les relations entre les Juifs et les Palestiniens sans prendre parti. En voulant éviter le manichéisme, en insistant avec moult violons sur une amitié mise à mal par la cruauté de la grande Histoire, le réal ne démontre rien. Tous les ingrédients étaient là pour nous passionner, lorsque nous assistons au vote du partage de la Palestine puis aux réactions des deux parties en présence. Mais malgré des passages très forts, comme lévocation du massacre de Deir Yassin et la confrontation symbolique entre les chefs de la Haganah et de lIrgoun, ou bien le cheminement des juifs, pas tous combattants, entre Tel Aviv et Jérusalem, et sa pierre dachoppement, le monastère de Latroun tenu par la Légion Arabe, le film décrypte mal cette époque cruciale. La forme contribue encore à cet échec. Car, si Ian Holm fait une bonne composition en Ben Gourion, si Bruel et J.J. Feild sont assez bons, Saïd Taghmaoui joue faux, Chouraqui lui-même, très mal, et les actrices féminines, moyennement. Mais une chose surtout reste incompréhensible avec un tel budget : alors que dans de simples séries TV (Urgences ou Affaires non classées, pour nen citer que deux) les acteurs qui font les voix françaises sont excellents, ici nous avons droit à un doublage lamentable : intonations de gamins se disputant à la récré, cris de surprise des soldats blessés, et à des dialogues français brillant par leur indigence et leur mièvrerie. Trop de pathos tue lémotion, et la scène de très mauvais goût du mariage sombre dans le ridicule. La musique trop lyrique narrange rien. Doit-on incriminer la lourdeur de la coproduction internationale? La cause de la paix aura besoin dautres avocats pour progresser.