Enorme. Meilleur, bien meilleur que le premier, que je conseille fortement de regarder, autant pour comprendre l’histoire, que parce qu’il est très bon, quoique plus dirigé vers le genre « horreur ». Ici, l’histoire peut sembler simple au premier abord, voir carrément clichée, avec cette sempiternelle lutte entre le Bien et le Mal, ou plutôt, la Lumière et l'Ombre, autour d’un objet sensé changer le cours des choses. Mais Daywatch sait dépasser tout ça en proposant une histoire riche, complexe (le livre a quand même bien aidé), qui explose complètement les sentiers battus, et surtout, ne nous est pas servie comme de la bouillie gentiment prémâchée. Le héros Anton Gorodetski n’en est pas un ; c’est un parfait antihéros, pétri de doutes, et de faiblesses, comme on en voit si rarement, partagé entre une relation amoureuse et paternelle compliquée. C’est un Autre, mais on se sent extrêmement proche de lui. Les autres personnages restent eux-aussi ambigus, et affichent cette même profondeur, et surtout, font preuve d’un charisme fou (malgré la VF, abominable pour Guesser) et sont véritablement incarnés par leurs acteurs.
Le rythme est rapide, effréné. L’esthétique « blockbuster » est très trompeuse ; très vite, le réalisateur dévoile sa propre patte, délirante, quoique assez spéciale, et on est bien loin du film d’action basique, tant les trouvailles, et les délires sont présents, et ponctuent magistralement ce film. On découvre aussi une autre culture, une autre terre, tellement éloignée des clichés de base américains. Les légendes fantastiques (vampires et consorts) sont joyeusement revisitées dans une Russie moderne et crasseuse, où la Lumière et l'Ombre s’affrontent par lois interposées, et machinations un poil complexes. Les scènes d’action sont jouissives ; violentes et poétiques. La musique est superbe, et cadre parfaitement avec l’univers, sombre. Et la fin…Enfin une fin qui ne me déçoit pas, et sait émouvoir sans forcément prendre en otage ! En plus de ce film, je ne saurais conseiller que vivement les livres (bien qu’ils ne soient pas exactement semblables), qui prouvent indubitablement le (très) bon goût russe (film et livre ayant fait un carton là-bas).