Août 1997.Lady Diana meurt tragiquement dans un accident de voiture. La Grande-Bretagne est sous le choc, et exprime sa profonde tristesse. Du côté royal, on n'a pas le droit à la même version...
Helen Mirren incarne la figure royale. C'est elle, the Queen. La reine-mère. La reine ET la mère. Stephen Frears, réalisateur tombé dans la marmite du génial quand il était petit, nous ressers une louchée de ce génie, et pas qu'un peu. Entrez-donc dans le monde privé, secret de la monarchie britannique, de préférence après vous être essuyés les pieds. Au palais en effet, ou dans la maison de campagne au milieu de 10000 hectares de vert, on respecte les conventions, les règles du savoir-vivre, la politesse. Cela semble être, au fond, la seule règle vraiment politique de la maison. Lady Di, "princesse du peuple", n'avait rien à faire aux côtés de the Queen, femme au-dessus du peuple. Cette figure, née, formatée, imprégnée par l'éducation spécifique qui lui a été accordée, croyant avoir été choisie par Dieu pour un pouvoir qu'elle semble n'avoir jamais voulu avoir n'est définitivement pas du même monde que les britanniques. Lors de ses échanges avec Tony Blair (James Cromwell, sosie troublant et excellent), elle lui confesse être la personne la plus apte à comprendre le peuple, son enfant. Elle ne comprend rien aux discours manipulateurs, c'est bon pour les politiciens de bas étage. Sa profonde conviction en sa bonne action est plus que touchante. Frears nous dépeint ici une femme qui est dépassée par le monde, qui ne comprend plus qu'on ne respecte pas le deuil des gens, le respect de la vie privée. Dans une société où les coulisses deviennent plus appétissants que le spectacle lui-même, comment garder des valeurs qui ne répondent pas de l'argent ou du "m'as-tu vu"? Frears ne filme que cela, ce choc brutal qu'est la confrontation entre un ancien monde, et un nouveau. Finalement, the Queen suivra ses sujets. Femme au-dessus du peuple, elle n'en est pas moins femme du peuple.