Sylvester Stallone était attendu au tournant pour ce "Rocky Balboa" qui a fait couler beaucoup d'encre. En effet, le voir reprendre à 60 ans le personnage qu'il a créé et qu'il l’a rendu célèbre était un pari risqué surtout que "Rocky 5" avait été quelque peu décevant. Pourtant, 30 ans plus tard, c’est avec un grand plaisir que je me suis déplacé vers mon cinéma pour découvrir ce long métrage.
Le scénario est excellent. Bien que je sois un fan de la première heure de la saga Rocky, j'avais vraiment beaucoup d'à priori au sujet de ce film que le scénario a balayé dès les premières secondes. Rocky ne pouvait avoir un meilleur hommage et ne pouvait pas mieux clôturer la saga. A la fois émouvant, nostalgique et sincère, on sent à quel point Sylvester Stallone a donné tout l'amour qu'il a pour ce personnage dans cette histoire.
On s'émerveille devant une telle sincérité et il est agréable de retrouver enfin le Rocky des débuts car en effet, ce sixième opus s'intéresse plus à l'homme qu'à la boxe en tant que telle. Sur ce point, ceux qui avaient aimé les longs entraînements du boxeur sous fond de musique rock ainsi que les combats de boxe successifs des derniers volets risquent d'être un peu déçu.
Ici, l’entraînement ne dure que quelques minutes (ce fut même très rapide je trouve) et même si le combat final reste encore une fois très maîtrisé, au total, il y a très peu de scènes qui montre des combats pur et dur. Ce n’est pas plus mal d'ailleurs je pense car on découvre un Rocky très émouvant, un homme qui fait tout pour être fort malgré les années qui passent et la perte d'un être cher.
Le film traite également de l'importance de la famille, de l'amitié et de la force qu'un être humain possède en lui afin de se surpasser et de réaliser ses rêves. D'accord, je le reconnais, "Rocky Balboa" insiste peut être un peu trop sur la nostalgie des films précédents mais j'ai vraiment trouvé le résultat efficace. De tous les Rocky, ce sixième film est celui qui se rapproche le plus du premier opus et c'est aussi celui que j'ai trouvé le plus riche en émotions.
Sylvester Stallone (Rocky Balboa) reprend son personnage avec beaucoup de réussite. Son personnage a évolué, il a du vécu, il est moins naïf que le premier film mais on retrouve vraiment tout ce qui m'avait plu dans cette histoire grâce à l'interprétation de Sly. On peut ne pas aimer l'acteur mais réaliser ce qu'il fait devant la caméra à 60 ans, je trouve que c'est une véritable prouesse que peu d'acteur aurait été capable de faire car même si les scènes d’entraînements et de combats sont plus courtes que d'habitude, l'acteur les réalise lui-même et il ne rend jamais ridicule son personnage bien au contraire.
On retrouve également avec beaucoup de plaisir Burt Young (Paulie) qui voit lui aussi son personnage beaucoup évolué. Il est toujours un peu maladroit mais cette fois ci on a donné à Paulie une certaine maturité qui fait plaisir à voir et qui est bien interprété par le comédien. Voir Tony Burton (Duke) dans cet ultime opus est également un régal même si on le voit très peu malheureusement. La grande absence du film vient de Talia Shire (Adrian). Une absence justifiée par le scénario (même si ça reste facile) qui en fait une histoire encore plus poignante. L'actrice reste toujours dans nos mémoires même si sa disparition dans ce récit apporte beaucoup en charge émotionnelle.
Si le spectateur peut revoir dans ce long métrage certains passages des anciens Rocky où on aperçoit Adrian, la touche féminine du film vient de Geraldine Hughes (Marie). Le scenario aurait pu tomber dans le piège de la romance qui tombe à l'eau mais Sylvester Stallone a préféré en faire une confidente. Elle ne remplace pas Adrian qui est toujours aussi présente pour le boxeur mais elle lui apporte un soutien qui est très important. Son personnage est une bonne idée et Geraldine Hughes l'incarne de belle manière.
Pris par d'autres projets, on peut regretter que Sage Stallone le fils de Sylvester n'ait pas repris son personnage (je n'étais pas spécialement fan de son jeu mais cela aurait pu faire une continuité sympathique) mais Milo Ventimiglia fait également un bon fils pour le boxeur même si sa prestation parait un peu plus légère comparé aux autres acteurs au même titre que Antonio Tarver (Mason Dixon) qui incarne un bon boxeur à qui il manque un peu d'ampleur. Quoiqu’il en soit, ce dernier reste nettement plus charismatique que l’adversaire de l’opus précédent. La distribution est vraiment bonne je trouve dans son ensemble en tout cas, chacun sachant rester à sa place.
La mise en scène est très belle également. Si on avait déjà pu constater que derrière la caméra Sylvester Stallone avait su évoluer, il nous le prouve encore une fois en réalisant ce film d'une très belle manière. On n’a pas trop le temps d'apprécier l'efficacité de sa réalisation lors des scènes d’entraînement à cause de la durée mais le combat final s'avère être très bien filmé (j'ai bien apprécié le noir et blanc avec quelques touches de couleur. Je trouve que ça donne encore plus de force à la scène).
Le film sait rester sobre mais très efficace et se termine d'une bonne façon je trouve (une autre fin aurait pu être ridicule). Les différents décors sont très bien utilisés. J'ai notamment beaucoup aimé la façon dont le film nous parle de l'évolution de la société à travers aussi l'évolution de Philadelphie. Il y a un très bon jeu dans la lumière avec une photographie très belle tandis que la bande originale, tout en retenue accompagne très bien l'ensemble sans jamais dénaturer les partitions précédentes.
Pour résumer, "Rocky Balboa" est un vibrant hommage à la saga et revient à ses origines en mettant l'homme au premier plan plutôt que de mettre des successions de combats en avant. Bon, bien sûr, on peut le regretter car les combats et les entraînements de Rocky font toujours vibrer malgré certains clichés qui sont nécessaire (un Rocky sans son thème principal, c'est plus vraiment un Rocky). J'ai passé un très bon moment devant ce long métrage et j'ai vraiment été bluffé car je ne m'attendais pas à une telle réussite. La saga se finit comme cela aurait dû être déjà le cas en nous faisant bien oublier un épisode 5 qui devient encore plus anecdotique.
Mr Vladdy – 24 janvier 2007.