Sylvester "Rocky" Stallone, cinéaste complet mais aussi très sous-estimé, signe l'un de ses chefs-d'oeuvre à tout point de vue. Ce Rocky Balboa, sixième volet d'une saga qui s'est essoufflée à partir de Rocky III, est le symétrique parfait du premier opus. A la naissance de Rocky se découvre un battant, qui n'a pas les compétences requises pour être champion mais qui lutte et n'abandonne jamais pour le devenir. Une voie de courage et d'honneur qui fera de Rocky une légende et un mythe du cinéma. Stallone confirme, comme dans le premier du nom, qu'il est un auteur méticuleux : on retrouve sans cesse son style d'écriture, ses discours à morale qui sont pourtant parfaitement construits (et appuyés, en le voulant ou pas, sur les philosophies de Descartes), ses évolutions narratives qui utilisent de simples sentiments pourtant suffisamment efficaces pour fonctionner sur le spectateur. Par ailleurs, Sly se sera assagi en jouant sur sa vieillesse évidente, et n'en fait pas des tonnes pour la masquer (à l'image d'un Schwarzenegger, autre monstre des films d'action des années 80). Le personnage a des difficultés physiques réelles, même si son ancien corps d'athlète fonctionne correctement, et des difficultés mentales comme la perte de proches, qu'ils soient morts ou qu'ils s'éloignent volontairement du protagoniste. Ainsi, le long-métrage démarre fort avec beaucoup de scènes émotives (avec le fils, avec Paulie), schéma contraire à celui des films hollywoodiens quotidiens. Rocky Balboa, même s'il traîne derrière lui des opus ratés, modèles patriotiques dégoutants du système cinématographique américain, est un pur film d'auteur, qui déchaînera les amateurs et devra affronter les préjugés allant bon train à l'encontre du cinéaste, encore une fois sous-estimé qu'est Sylvester Stallone. Son dernier film est tout à fait honorable, de qualité égale au premier (même s'il a moins de mérite car le projet a dû connaître plus de facilités pour se monter).