Ladolescente Nanette cache dans un grenier de la ferme familiale un résistant anglais (?) blessé. Entre la jeune fille et le bel inconnu se noue une complicité clandestine, tendre et chaste, à travers laquelle Nanette s'exerce à la séduction. Longtemps, loin des contingences de l'Occupation, la relation entre les deux personnages se résume à des conversations sur la vie ou à des parties de campagne sensuelles, suivant la beauté d'Horst Buchholz et de Muriel Catala.
Disons-le, cette longue et improductive partie du film indiffère, tant les deux protagonistes (et leurs interprètes) sont lisses. Plus âgée que le rôle, Muriel Catala ne fait pas longtemps illusion sous les traits d'une ado de 14 ans dont le réalisateur débutant Michel Mardore voudrait faire l'incarnation de la candeur et de la pureté. Malheureusement, ses dialogues sonnent faux et ne sont pas ceux d'une gamine. De même, la composition charmeuse mais factice de la comédienne n'exprime pas grand'chose de cette poésie de l'enfance à laquelle on aurait pu éventuellement s'attacher. Enfin, la mise en scène, tellement terne, achève de nous ennuyer.
La dernière partie du film
révèle la véritable identité de l'étranger
(qu'on subodorait); elle propose un changement d'orientation aussi brutal qu'étrange, et éclaire le dessein du réalisateur. Aux confins de l'irrationnel, Buchholz revêt
l'uniforme SS, personnalise le Mal, le diable
, dans une métaphore philosophique tout à la fois saisissante et pesante.
Car, si le dénouement est insolite, il stigmatise un film qui n'aura jamais cessé d'être un tête-à-tête bavard et théorique entre deux personnages, dépourvus de charisme pour l'un, de grace et de spontanéité pour l'autre.