Ouf, on est sauvés. Si l'on a cru un instant avoir perdu Benoît Poelvoorde dans les bas-fonds du cinéma commercial (il y a peu, le mauvais "Les deux mondes"), notre esprit s'apaise à la vue de la mise en abîme "Cow-boy", le nouveau film de Benoît Mariage (l'excellent "Les convoyeurs attendent", c'était lui!). D'abord, l'acteur belge y campe un personnage à sa hauteur, humain et bouleversant. Avec une répartie jouissive et un idéalisme pathétique mais sincère, ce journaliste lassé et raté, dépassé par la tristesse et la platitude de son quotidien, s'attelle à un projet fou : tourner un documentaire sur un fait réel qui bouleversa la belgique en 1980 : la prise d'otages d'un bus scolaire par un (autre) idéaliste, criant haut et fort les injustices fourmillant au sein de son pays. Ici, le fait n'est que prétexte au travail de reconstitution, voire de reconstruction personnelle, que le personnage entame. Cherchant 25 ans après tous les otages de ce drame, et pour commencer son auteur (interprété par Gilbert Melki, merveilleux d'auto-dérision), le tournage - fauché et désorganisé - tourne à l'imprévu, aux renoncements et aux convictions. Du film, on tirera deux messages : premièrement, il y a l'histoire d'un homme qui tente d'échapper à la morosité de sa vie, qui rêve et explore son âme pour en tirer une détermination, un but concrêt. Un thème reflétant évidemment la population belge entière, ancrée dans le passé, emprisonnée par une société immobile et sans ressources. Deuxièmement, et en filigrane cette fois, il y est question fondamentale de manipulation : lors d'une scène caustique mettant en scène un gourou pour chat, s'y reflète par la suite la manipulation inconsciente que fait subir le personnage de Benoît Poelvoorde sur les anciens otages (qui ne sont bien sûr pas les véritables, en-dehors du film), les obligeant à se réinstaller dans le bus - renfermant pour certains leurs traumatismes, pour d'autres leurs changements - , à rejouer une scène-clé ou à pardonner