La tourneuse de pages, 2006, de Denis Dercourt, avec Catherine Frot, Déborah François (Mélanie adulte, héroïne de la Palme d’Or 2005, dans L’Enfant des frères Dardenne), Julie Richalet (Mélanie enfant), Pascal Greggory. Si la vengeance est un plat qui se mange froid, l’héroïne nous sert du surgelé pendant 1h30. Et c’est un grand plaisir, car ce film très hitchcockien, fait monter savamment et crescendo notre angoisse. On s’attend au pire. Certes, le film n’est pas parfait, notamment parce que l’incident de départ qui déclenche toute l’excellente intrigue est invraisemblable ( la personne qui rentre et trouble la petite qui passe le concours du conservatoire de musique). Mais la suite est savoureuse, car la petite va grandir et se venger avec un talent, une volonté, une douceur, une perversion diaboliques. Il y a énormément de choses bien vues dans les rapports de classes sociales, des choses tendres, élégantes et d’autres si brutales. Les phases de tension et de détente alternent judicieusement. Et au cœur de tout, la musique…qui adoucit les mœurs…beaucoup moins qu’on le dit. On s’attache beaucoup à cette fille de boucher, ce papa qui dit des mots justes, à la concertiste, si forte et si fragile, au petit garçon exquis qui sent bien tout ce qui se passe. NB : Denis Dercourt est professeur de musique au Conservatoire et participe régulièrement à des jurys !