La piano semble être linstrument de musique qui fait des miracles au cinéma. Après Jacques Audiard et son excellent De battre mon cur sest arrêté lan dernier, cest au tour de Denis Dercourt de se mettre en scène linstrument. Et sil nest pas aussi bon que celui dAudiard, La tourneuse de pages en reste un très bon thriller, une histoire de vengeance et de manipulation extrêmement bien traitée. Cette histoire, cest celle de Mélanie, qui passe une audition mais la rate à cause dune femme, une pianiste Ariane, occupée à signer un autographe pendant la prestation de la gamine. Et cette gamine va lui faire payer, car elle Ariane a gâché sa vie. Cette jeune fille ivre de vengeance, cest Déborah François, que lon a jamais connu si inspirée, nettement meilleure que dans Lenfant. Elle rend son personnage énigmatique, froid et tétanisant. Son comportement est un mystère pour nous tout au long du film. Sa prestation est brillante, et pourrait bien lui valoir une nomination aux prochains César. Face à elle, Catherine Frot, dont la composition est excellente également. Forte au début, elle devient de plus en plus fragile, faible et vulnérable au fur et à mesure que cette tourneuse de pages entre dans sa vie. Les relations entre les deux femmes sont également très bien dépeintes. On hésite toujours entre amitié, amour et rivalité. Ces dernières sont parfois exagérées mais ont le mérite de sonner juste. A côté, les seconds rôles sont malheureusement trop superficiels. Mais, dans La tourneuse de pages, le réalisateur parvient à créer une atmosphère pesante, angoissante, stressante, grâce à des silences mais aussi grâce à la musique, omniprésente et qui saccorde à la perfection avec les images. On regrettera alors un petit peu la fin, qui semble expédiée et semble exagérée. Enfin, La tourneuse de pages est extrêmement bien rythmée, sans temps morts. Une très bonne surprise dont on pourrait bien entendre parler à nouveau en février 2007.