En nous expliquant tout, ou presque, dès le début (le suspense ne portera que sur les modalités de la vengeance de la "tourneuse"), l'auteur a pris des risques. Le film repose essentiellement sur la relation trouble qui s'installe entre la pianiste et sa tourneuse de pages. Sur ce plan là, c'est plutôt réussi, le tandem C. Frot / D. François fonctionne bien. Mais cela reste un exercice de style dont on sort finalement déçu : la fin est incroyablement baclée et frustrante par rapport ce que pouvaient laisser imaginer quelques fausses pistes disposées ça et là par le réalisateur, et mis à part quelques moments de tension, ça reste quand même beaucoup trop mou dans l'ensemble.
L’argument original (l’élaboration machiavélique d’une vengeance dans le milieu ouaté des concertistes) et son écriture plutôt fine font de cette « Tourneuse de pages » une incursion intéressante dans le genre périlleux du thriller psychologique français. Un trouble certain naît du rapprochement de la jeune prédatrice et de sa proie, beaucoup grâce à l’interprétation (Déborah François est une vraie révélation et Frot surprend dans un registre plus dramatique). On peut cependant regretter le côté très scolaire de la mise en scène (platement illustrative) et le manque de mystère d’un scénario bien trop verrouillé et rigide. Mais ne boudons pas trop notre (petit) plaisir : le cinéma français est trop avare dans le genre pour qu’on ne salue pas la tentative de Dercourt.
La petite réussite de la Tourneuse de pages réside dans la tension qui s’installe, palpable mais pas trop, sans la moindre fausse note. Denis Decourt, s’il ne réussi pas un chef d’œuvre, monte grâce à une mise en scène parfaite et à une symétrie dans le cadrage et les mouvements de caméra, une histoire de revanche au scénario toutefois maladroit, mais qui opère comme par magie avec rigueur et sans la moindre difficulté. En effet, l’attirance d’Ariane (Catherine Frot) pour Mélanie (Déborah François) semble tomber sans crier gare. D’un point de vue masculin pourtant, je la comprends, Déborah François, même dans le naturel le plus strict, a le charme certain des filles normales qui ignorent qu’elles en ont beaucoup. Aussi, si ce petit film est agréable à regarder, c’est en partie grâce à elle et au talent dont elle fait preuve avec ce personnage à la rigueur glaçante, qui, soit dit en passant, semble être l’image que le cinéma conserve de la musique, comme en témoigne le personnage joué par Isabelle Huppert dans La Pianiste d’Haneke.
La tourneuse de pages, 2006, de Denis Dercourt, avec Catherine Frot, Déborah François (Mélanie adulte, héroïne de la Palme d’Or 2005, dans L’Enfant des frères Dardenne), Julie Richalet (Mélanie enfant), Pascal Greggory. Si la vengeance est un plat qui se mange froid, l’héroïne nous sert du surgelé pendant 1h30. Et c’est un grand plaisir, car ce film très hitchcockien, fait monter savamment et crescendo notre angoisse. On s’attend au pire. Certes, le film n’est pas parfait, notamment parce que l’incident de départ qui déclenche toute l’excellente intrigue est invraisemblable ( la personne qui rentre et trouble la petite qui passe le concours du conservatoire de musique). Mais la suite est savoureuse, car la petite va grandir et se venger avec un talent, une volonté, une douceur, une perversion diaboliques. Il y a énormément de choses bien vues dans les rapports de classes sociales, des choses tendres, élégantes et d’autres si brutales. Les phases de tension et de détente alternent judicieusement. Et au cœur de tout, la musique…qui adoucit les mœurs…beaucoup moins qu’on le dit. On s’attache beaucoup à cette fille de boucher, ce papa qui dit des mots justes, à la concertiste, si forte et si fragile, au petit garçon exquis qui sent bien tout ce qui se passe. NB : Denis Dercourt est professeur de musique au Conservatoire et participe régulièrement à des jurys !
D'aucuns diront que c'est un film pesant et chiant, comme beaucoup de films français, je répondrai certainement. D'autres diront que la fin est prévisible et qu'il n'y a aucun suspense, je vous dirai surement...... Mais cette histoire de vengeance assez fade est sauvée par une excellente interpretation de la part de la très bonne petite belge Rebecca Francois (aussi remarquable que dans "le premier jour du reste de ta vie")et une Catherine Frot tres juste comme toujours. Un face à face qui nous permet d'oublier les gros défauts du film....
Un film de vengeance modeste, mais efficace : étant dans la confidence des motivations de l'héroïne, le spectateur a tout loisir de se délecter sadiquement de ce que cette dernière concocte à l'intention de l'objet de son ressentiment. On observe donc patiemment et avec délectation notre araignée tisser pas à pas sa toile autour d'une victime qui n'y voit que du feu, et comme les comédiens sont assez en forme pour faire naître une atmosphère troublante, tout ça fonctionne plutôt bien, sans avoir besoin d'aller s'aventurer dans le grand-guignol.
On rentre vraiment dans l'histoire de cette vengeance totalement disproportionnée et même si la fin est prévisible, le suspens est efficace. La lenteur ne rebute pas car elle sert l'ambiance malsaine et glauque. Catherine Frot est toujours extraordinaire, Déborah François campe bien son personnage et est donc très antipathique (on ne compatit absolument pas). Sans être un chef d'oeuvre, un bon film français qui mérite d'être vu!
Un bon film français. Les deux actrices sont formidables : Frot, comme à son habitude, unique dans le paysage cinématographique français, à son ‘top niveau’ et la jeune Deborah François qui lui donne très joliment la réplique, mignonne, ingénue perverse. L'intrigue est bien menée sur un scénario solide. Une mise en scène rigoureuse, tous les ingrédients pour faire un bon film.
A moins que vous ayez un sens du détail très poussé (ce que vous devinez être mon cas), vous pourrez relever quelques légères erreurs, mais cela mis à part, ce film est remarquable. La musique est très belle et le film est extrêmement bien servi par son duo d'actrices. Déborah François est troublante et se fond parfaitement bien dans son rôle de manipulatrice assoiffée de vengeance. Quant à Catherine Frot, elle confirme qu'elle est capable de s'accommoder à n'importe quel rôle, qu'il soit burlesque ou comme ici, tragique. Néanmoins, l'impression laissée par la réalisation est mitigée : Denis Dercourt instille de la tension avec une réalisation simple et maîtrisée -pas grand chose donc - mais justement, on pourrait presque reprocher sa platitude tant les mouvements de caméra sont rares, les plans poitrine presque exclusifs et la sobriété d'école trop froide et cadrée. A voir pour les deux actrices principales.
Ce film nous conte la vengeance méticuleuse d'une fille ultra méticuleuse. Malgré une bonne réalisation, Denis Dercourt n'atteint pas là des sommets, peut-être à cause d'un scénario trop prévisible et malgré tout invraisemblable.
FFC ( Film Français Chiant ) typique, prototype du film fait par et pour un groupuscule d'amis admiratifs, en l'occurence les directeurs de conservatoire et les profs de piano ( amis de l'ethnologie bonjour ), tout y sonne faux, suinte l'autosatisfaction et le nombrilisme bourgeois... quant à la chute... elle est tellement ridicule que j'ai éclaté de rire en la découvrant.... à la réfléxion.... cela fait longtemps que je ne m'étais pas autant amusé au cinoche....
Denis Dercourt nous raconte l'histoire d'une petite fille du nom de Mélanie ( Déborah Francois ) qui férue de piano va tenter de réussir un concours de piano. Celui ci étant jugé par des professionnels dont fait partie Ariane Fouchécourt adimrablement bien intérprété par Catherine Frot. Ratant son concours, nous retrouvons Mélanie qui quelques années plus tard, aprés avoir mis fin à sa passion du piano, fait un stage dans un cabinet d'avocat. De fils en aiguilles, elle se retrouve à garder le fils d'un avocat. Et là, on en sait pas si c'était prémédité ou pas mais il se trouve que la mére du fils n'est rien d'autre que la femme qui l'a jugée pendant le concours de piano quand elle était jeune. Alors elle devient tourneuse de pages car elle connait suffisamment la musique et c'est alors qu' à travers cette histoire d'apparence banale que va naître une histoire d'amour entre ces deux femmes. Bien filmée et excellement bien joué par tout les acteurs, ce film met en avant les sentiments cachés voire refoulés qui apparaissent dans le déroulement du film sous forme de filigrane. Une belle histoire avec une fin terrible qui laisse perplexe sur la préméditation de l'acte.