Le Prestige de Christopher Nolan est l'adaptation du roman homonyme de Christopher Priest. Le romancier raconte dans son oeuvre, la rivalité entre deux magiciens, Alfred Borden et Robert Angier au début du 19 ème siècle. Il reçoit le prix World Fantasy Award en 1996 pour son roman.
Le Prestige marque la deuxième collaboration de Christopher Nolan avec son frère Jonathan Nolan. Ils ont déjà travaillé ensemble six ans auparavant, sur le scénario de Memento.
Après Batman Begins, Christopher Nolan offre un nouveau rôle à Michael Caine et à Christian Bale dans Le Prestige.
Le tournage du film a permis à Christopher Nolan de retrouver son équipe technique qui avait travaillé sur le tournage de Batman Begins. Au générique, nous retrouvons Wally Pfister le directeur de la photographie, Nathan Crowley le chef décorateur, et Lee Smith le chef monteur.
Le titre, Le Prestige, renvoie dans le film au dernier acte d'un tour de magie. En effet, chaque tour de magie est composé de trois actes. Le premier acte "la promesse" présente au public une situation banale, le deuxième acte "le tour" la situation de départ devient extraordinaire, et le dernier acte "le prestige", présente l'aspect le plus spectaculaire du tour. Michael Caine, qui interprète Cutter dans le film, explique : " c'est l'acte au cours duquel ont lieu rebondissements et coups de théatre, où des vies sont en jeu et où se produit un événement spectaculaire qui vous clouera sur place ".
Il existe un lien très fort entre le style du film et sa narration. Christopher Nolan commente : " Grâce a de différents dispositifs de cadrage, nous avons fait en sorte que le spectateur puisse adopter divers point de vue " Les éclairages de Wally Pfister ont aussi contribué à donner une dimension dynamique et moderne que recherchait Christopher Nolan. Le réalisateur et le directeur de photographie ont mis au point un style artisanal, privilégiant des mouvements d'appareils simples et réduisant l'optique au stricte minimum : " On a essayé , autant que possible de filmer les scènes caméra à l'épaule pour capter la beauté de l'instant (...) c'était beaucoup plus efficace et spontané. C'est une démarche originale et libératrice qui donne au film un style naturaliste et qui se distingue nettement de l'approche actuelle du film en costume ".
Le Prestige se déroule à l'époque victorienne, une période très riche de découvertes technologiques et scientifiques. Pour donner vie à cette époque en pleine mutation, Christopher Nolan s'est plus attaché à créer une atmosphère dans son film, que de reconstituer en détails cette période. Le réalisateur commente: " C'est donc notre vision du Londres victorien une vision très actuelle et immédiate,et qui à mon avis permet de mieux comprendre quel était le mode de vie à l'époque (...) Mais nous avons cherché à plonger directement au coeur de cet univers, et il était donc essentiel de mettre à profit les mouvements d'appareils et les décors pour que le spectateur y entre immédiatement ". L'éclairage du film a été directement inspiré des progrés technologiques de l'époque. Wally Pfister raconte : " (...) nous avons éclairé les scènes du début à la bougie et à la lampe à huile, puis nous avons introduit l'éléctricité de manière éclatante, et nous avons même éclairé certains lieux à la lampe éléctrique ".
Le film a permis à l'équipe de découvrir le milieu très fermé des magiciens. Christopher Nolan , a mené une étude très approfondie des magiciens de l'époque et Hugh Jackman qui incarne le magicien Robert Angier s'est documenté sur l'histoire mouvementée de la magie, de son âge d'or du début du siècle jusqu' à nos jours. Il commente : " Il y a quelque chose qui différencie des magiciens des non magiciens. Ils font tout tous seuls, car ils ne souhaitent pas confier leurs secrets à quiconque et ils ont un véritable esprit de compétition. Ce sont des gens fascinants et c'est ce qui fait d'eux des personnages magnifiques " . Quant à Christian Bale qui incarne Alfred Borden, il a suivi des cours de magie en s'entourant de magiciens contemporains et de deux consultants Ricky Jay et Michael Weber. Aaron Ryder, le producteur du film explique : " Nous avons beaucoup de chance d'être entouré de Jay et Weber. Ils ont fait un boulot remarquable avec Hugh et Christian qu'ils ont réussi à introduire dans une confrérie qui a le culte du secret. Et pourtant, ils ont accepté de leur enseigner le stricte nécessaire et de ne pas trop dévoiler leurs secrets.
Le chef décorateur Nathan Crowley a crée au total 68 décors pour le film. Il s'est documenté en cherchant des photographies de Londres de 1890. Pour créer l'atelier d'Alfred Borden, Nathan Crowley s'est inspiré de l'atelier du magicien Houdini. Quant à la fameuse machine futuriste que Tesla a imaginée pour Angier pour qu'il puisse créer des tours de magie inédits, le chef décorateur s'est beaucoup inspiré de la revue "scientific american " de 1890. Il est également resté proche de la réalité historique en créant en grandeur nature la bobine Tesla.
L'enjeu du film se repose sur la rivalité des deux magiciens, incarnés par deux acteurs complémentaires dans leur jeu. Christopher Nolan les décrits ainsi : " J'aime à la fois Angier et Borden. Pour moi ils représentent les deux côtés de la même pièce, deux facettes complémentaires de la même personne ". Alors que Robert Angier possède un don remarquable de la mise en scène, Alfred Borden maîtrise parfaitement les rouages de la magie. Le livre de Christopher Priest ne fait que souligner la rivalité qui a toujours existé entre magiciens. Ricky Jay, le consultant ajoute : " Ce type de compétition entre magiciens a vraiment existé. A une époque, il pouvait y avoir à Londres jusqu'à cinq ou six magiciens qui se produisaient dans plusieurs théatres, le même soir et cette époque est unique dans l'histoire de la magie. Ce qui était intéressant , c'est qu'il s'agit d'une époque où le cinéma naissant et la magie avaient beaucoup en commun. "
Les costumes ont été soigneusement étudié pour créer un style " victorien déconstruit " précise la chef costumière. Elle explique : " Dans le film, il ne s'agissait pas tant de reproduire les costumes dans le moindre détails que d'être au plus prés des personnages et de dévoiler leurs parcours à travers leurs vêtments. ". Le choix des couleurs est également suprenant ( noir et blanc, aubergine, jaune...) et ajoute au mystère de l'intrigue. Elle a tenu également à dépasser le cliché des magiciens aux costumes surchargés : " Nous avons encore en tête l'image du magicien de l'époque victorienne, portant une cape étoilée, mais en se documentant, on constate qu'ils se produisaient sur scène vêtus comme des parfaits gentlemens arborant veste et noeud papillon blanc ". Les actrices ont été ravies de pouvoir porter les créations de Joan Bergin. Rebecca Hall qui interpréte le rôle de Sarah Borden commente : " En général, je suis plutôt avachie, mais en portant ces vêtements, j'ai eu l'impression de me comporter en grande dame ".
C'est dans le rôle de Nikola Tesla qu'on découvre David Bowie, chanteur de rock britannique. Le personnage de Tesla a réellement existé. Inventeur passionné et homme de science, Tesla a immigré aux Etats Unis et s'est imposé comme un Léonard de Vinci contemporain. On lui doit notamment la découverte du champ magnétique rotatif indispensable pour tout dispositif utilisant le courant alternatif, ainsi que la bobine de Tesla, engin à induction qu'on emploie couramment en radio. La rumeur court que Tesla aurait inspiré Max Fleisher, savant fou de la BD de superman. Sa rivalité avec Thomas Edison, rappelle la rivalité qui existe entre Borden et Angier dans Le Prestige. Christopher Nolan a choisi David Bowie pour son extravagance. Le réalisateur s'est arrangé pour le rencontrer. Emma Thomas, la productrice explique : " Il convenait tellement bien au personnage qu'on n'aurait pu imaginer personne d'autre, et Christopher s'est débrouillé pour organiser un rendez-vous avec lui à New York, ce qui nous a stressé "
L'actrice tient le haut de l'affiche dans trois films en novembre 2006. Ses fans pourront la voir dans Scoop de Woody Allen, puis dans Le Dahlia noir de Brian De Palma et Le Prestige.