Deux magiciens rivaux qui se rendent coup pour coup, tantôt en faisant preuve d’innovation, tantôt en sabotant le travail de l’autre. Une concurrence qui ne semble pas avoir de limites, si ce n’est celles de la triste imagination du scénariste qui se réfugie dans le fantastique pour parvenir à nous la débloquer. C’est là où l’on sent qu’on est vraiment pris pour des débiles, et ça, ça ne me plaît pas du tout ! Qu’est ce qu’Angier (Hugh Jackman) est bien allé chercher chez Tesla ? J’étais curieux de savoir. Mais oser à ce point ridiculiser
notre intelligence, en pensant qu’on allait acquiescer normalement cette stupide idée que sa machine qui, grâce à des éclairs, je le répète, grâce à des éclairs, à de simples arcs électrique, clône à la perfection n’importe quel objet ou être vivant, tout en conservant ses souvenirs, surtout en impliquant avec déshonneur
le célèbre scientifique de la sorte, en tuant la crédibilité de tout le film d’un seul coup vif, c’est gâcher une réalisation bien façonnée jusque là. C’est même un terrible aveu d’impuissance. À partir de là, toute l’orchestration je l’avoue, originale, qui va suivre autour de cette rivalité perds tout son charme, et les quelques défauts qu’on pouvait excuser jusque là, deviennent un couteau remué dans la plaie. J’étais effectivement jusque là enclin d’accepter
l’intérêt peu évident de faire un noeud différend alors que le tour se passait à merveille jusque là, à quoi bon changer ce noeud dans ce cas ? De faire comme si personne n’allait se douter que la balle n’était pas dans le canon. Je laissais passer aussi la possibilité que comme par hasard, le magicien adverse soit justement désigné de manière arbitraire parmi la centaine d’audience, pour monter sur scène tout en étant grossièrement déguisé et aisément reconnaissable, ou bien l’entêtement stupide à persévérer à croire qu’il n’y avait pas recours à une doublure pour le tour de l’homme transporté là où lui-même a du avoir recours à un sosie parfait trouvé facilement dans un bar, en somme
tous ces petits détails gênants devenus grotesques dès lors que cette idiote trouvaille de Tesla nous ait été dévoilée. C’est à partir de là aussi où l’on constate que la psychologie des personnages n’est pas assez bien travaillée, à savoir la folie obsessionnelle d’Angier qui tourne au ridicule tant elle est maladroitement argumentée, tant ça ne concorde pas avec sa personnalité, qui au passage, n’évolue jamais alors que c’est ce qui aurait pu être extrêmement intéressant, ou par exemple son attitude envers Olivia (Scarlett Johansson) qui n’a pas vraiment de sens. Ce personnage clé est troublé mais pas troublant pour nous, sa lucidité paradoxale et constante tout le long du film se conclut par une absence de remise en question qui ne desservent aucunement la controverse. Ce n’est qu’artistiquement que « Le prestige » se montre au niveau, par la qualité de ses décors, de son image et de ses acteurs. Aux lacunes évoquées s’ajoutent un manque clair de profondeur, d’intelligence de récit, et surtout de magie tout simplement. Les quelques tours montrés ne nous plongent pas assez dans un univers normalement fascinant, les rebondissements à base de scènes coupées auparavant et reprises par la suite peu sensationnels, on n’est ni épatés ni intrigués. Il n’y a que ceux qui ne voudront pas qui ne constateraient pas les défaillances évidentes de ce film, qui se laisseraient volontairement duper par le talent, certes existant de Christopher Nolan, mais qui se revendique tellement prestigieux qu’il se considère en total droit de recourir à la science-fiction dans un scénario où il n’a absolument pas sa place.