Avant d’inceptionner nos cerveaux de spectateurs séduits, Nolan s’est bien entraîné ! Avec The Prestige, il va trifouiller dans l’Histoire de la prestidigitation & sort un Danton de son chapeau comme pour revivifier le souvenir de Houdini sous les noms d’Angier & Borden, alias Bale & Jackman. Tesla, par contre, est conservé, & l’habit va très bien à Bowie.
D’une voix off à un tribunal, d’un paysage aux coulisses, Nolan installe la non-linéarité très vite mais Caine est là pour nous bercer de son accent. La splendeur variable des salles de spectacle nous servira de guide dans ce montage compliqué où la magie prend place comme un art du spectacle brut & un business implacable liant les deux magiciens avant de les séparer dans un drame qu’on sent venir mais qui, par le raccourci de la narration, arrive vite & prend par surprise.
Après cette ”pledge”, la première partie d’un tour à en croire Caine qui cite l’auteur du livre, vient le ”turn”, la moelle du film. Elle se donne pour but de nous faire trébucher sur les évènements forts pour les expliquer avant, pendant, après, bref : un mixage de l’émotion qui, comme son sujet, se trouve n’être qu’une illusion. Et ce concept est trop poussé à mon sens. On n’est jamais récompensé pour la frustration, toute légère qu’elle soit, que l’on ressent de ne pas connaître les secrets, mais surtout… de les connaître trop facilement. Ce qui est en anglais ”the art of deception” se traduit mal dans les images du prestige & gardent une littéralité dommageable, ”l’art de la déception”.
Tout ne tient pas qu’à l’absence de temps du passé dans les voix off : aussi bien Tesla concoctant ses potions électriques surnaturelles que les actes graves de haine & de sabotage qui restent longtemps sans conséquences, ça ne va pas très loin. Je ne parle pas de crimes impunis, ni du temps qu’il faut pour en arriver au ”prestige” du film lui-même (une fantastique cascade de rebondissements qui n’aurait pas pu exister sans des inconstances préalables), mais de personnages dont rien ne sert à fixer le charisme, ou des catchphrases qui n’enfoncent pas leurs racines très profondément dans l’âme de l’œuvre.
Je suis clairement parti avec trop de préjugés positifs à l’égard du film (on me l’avait beaucoup conseillé & j’adore Inception & Interstellar), mais cela aurait dû m’aider à m’accrocher à ce qu’il avait de bien. Je le reverrai, par crainte de n’y avoir, peut-être, pas regardé d’assez près (I didn’t watch closely), mais The Prestige ne m’a pas marqué au-delà d’un digne coup d’essai avant d’autres imbriquements plus époustouflants.
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