Après 10 ans d’absence, «L’homme sans âge» marque le grand retour de Coppola à la réalisation, hors des sentiers battus hollywoodiens. Le cinéaste est parvenu à s’autoproduire, échappant ainsi aux brides et aux exigences de la grande «usine à cinéma» qui l’avaient, de son propre aveu, acculé à une forme de retraite anticipée. Le cinéaste peut désormais se laisser aller à une certaine liberté artistique et on se dit qu’on va avoir droit à une œuvre intéressante, laissant libre court au grand talent du monsieur. Le résultat est malheureusement inverse. «L’homme sans âge» apparaît comme un film de débutant, complètement dépassé par ses propres ambitions, cherchant à faire ce qu’indéniablement, il n’a pas les qualités de faire. Coppola fait sa petite révolution cinématographique 20 ans après les autres, et son film fait bien pâle figure face à sa nouvelle concurrence. L’imagerie numérique qu’il déploie est déjà largement datée, et, comme un jeune premier qui voudrait briller et se faire remarquer par l’audace d’une mise en scène stylisée, mais en réalité d’une terrible vacuité, il filme de côté, à l’envers, et multiplie les effets inutiles, donnant plus dans la ringardise que dans la prétention. Quant au contenu, ne parvenant jamais à effleurer la profondeur suggestive et réflexive qu’il aimerait atteindre, le film tourne autour de son sujet sans jamais trouver la porte d’entrée de l’intelligence, de l’émotion ou de la poésie. En voyant «L’homme sans âge», on ressent presque une certaine compassion pour le cinéaste, qu’on sent animé des meilleures intentions, et on peut finir par trouver au film un certain charme passéiste. En revanche, la conclusion est assez dure pour Coppola : celui qui cherchait à s’émanciper de la tutelle hollywoodienne, nous a ici prouvé qu’il n’en n’avait pas les moyens.