Francis Ford Coppola est de retour! Après l'anthologique trilogie "Le parrain", l'inoubliable "Apocalypse now" et le magistral "Dracula", le réalisateur américain clé des années 70 s'attaque aujourd'hui à un film intime, renfermé dans une paranoïa obsédante sur le temps qui passe et l'amour éternel. Avec un peu de pessimisme et beaucoup d'ironie, "L'homme sans âge" est, sans hésitation, son plus beau film à ce jour. Parce qu'il refuse toutes considérations pompeuses envers ses personnages et parce que son film est plus un poème illustré qu'un dépliant de vignettes accrochées les unes aux autres (le scénario, il faut l'avouer, est tordu, mais pourtant magnifique) , Coppola réussit à pénétrer dans le coeur et l'esprit d'un homme qui lutte contre le temps qui s'effrite et l'amour improbable qui le ronge, réussit à entourer, comme une caresse, chaque mouvement du personnage et à leur donner une importance significative, grâce à la douce et insouciante virtuosité de la caméra. Le film de Coppola est donc furieusement poétique, mais fort aussi, car c'est par le besoin de l'autre que naît le langage dont le personnage, alors noyé dans la solitude et la vieillesse, utilise comme une dernière tentative de comprendre l'amour. Fort aussi parce que, on l'aura compris, il y a un peu de Coppola himself dans cette étrange miroir philosophique du fantasme. Le temps qui passe, il le subit aussi, le découragement et la solitude peut-être, qui sait même la perte et la reconstruction dans le désir. Il y a donc, dans cette histoire de langue comme le dépassement de soi, la brêche d'une barrière, un sentiment universel d'abord, et personnel ensuite. Trouée de considérations mystiques puissantes et de clichés amusés, cette oeuvre inoubliable met en scène un pandaemonium de reflets inégaux sur l'image de l'autre. Le personnage, double, triple parfois, représenté en des plans symétriques et diagonaux, ou plutôt l'homme et sa conscience, cherche à élucider l'absurde, l'impossible. Le film de