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Maqroll
158 abonnés
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2,5
Publiée le 7 janvier 2012
Entre le fascinant La Cité sans voiles et le très solide Les Forbans de la nuit, Dassin donne là son film le plus faible de sa période américaine. L’histoire de cette famille grecque expatriée (autobiographique donc) où le fils revient pour venger le père, victime d’un commerçant aux pratiques maffieuses, est pleine de bonnes intentions mais reste le plus souvent maladroite et peu inspirée. Les personnages sont taillés à la hache, leur psychologie peu vraisemblable et le scénario comporte quelques invraisemblances fâcheuses. Richard Conte ne se tire pas trop mal du difficile rôle principal mais Lee J. Cobb en fait beaucoup trop dans un rôle il est vrai caricatural et Valentina Cortese est totalement dénuée de féminité et de charme… Finalement, le meilleur de la distribution est au crédit des seconds rôles, tels Jack Oakie et Barbara Lawrence (féminine et sensuelle, elle !) Terminons sur une note positive : la réalisation de Dassin, précise, nerveuse et globalement sans reproches… Dommage que le fond ne soit pas à la hauteur de la forme, défaut rédhibitoire qui deviendra récurrent dans la suite de l’œuvre de Dassin.
Un film étrange dans le sens ou si Les Bas-fonds de Frisco se laisse regarder sans problème c'est aussi un film qui a du mal à nous passionner. L'histoire est pas trop mal mais j'espérais un film plus sombre et cruel, tout au long de Les Bas-fonds de Frisco on est toujours en attente de quelque chose de plus intense ; Les Bas-fonds de Frisco est un film noir assez pâle si je puis dire. Une scène est tout de même forte celle de l'accident du camion qui prend feu. Niveau interprétation on retient surtout celle de Lee J. Cobb qui excelle dans la peau d'un voyou.
Il y a parfois un personnage qui, sans que l’on s’y attende, donne à un film un éclat inoubliable. C’est ici le cas de Valentina Cortese qui tient le rôle d’une ‘’drôle de dame fatale’’ dans cet authentique film noir malgré son ton souvent léger, son humour et son improbable scénario, parfaitement monté néanmoins. Tous les acteurs sont excellents et attachants, c’est un film participatif que l’on vit de bout en bout. Il est de son époque et son coté documentaire, tant sur San Francisco que sur le double milieu des ramasseurs de pommes et des grossistes en fruits et légumes, est sans reproches. Nick le personnage central n’est pas un héros mais un homme poussé à bout, il nous est proche au même âge compte tenu d’une même expérience vie. Rica, par contre, est un rêve qui passe, c’est une femme que chaque homme aimerait rencontrer si elle pouvait exister dans un tel contexte. Thieves’ Highway est un film très personnel, loin du système hollywoodien. C’est du pur cinéma d’auteur qui dénonce tout ce qui est cher à Dassin et qu’il tient à faire partager. C’est un film chaleureux, intelligent et utile.
Dassin nous livre ici un film noir qui présente une certaine ressemblance avec « Les Raisins de la Colère » de John Ford et sa peinture des laissés pour compte de la grande dépression. Richard Conte incarne un fils d’immigrants grecs qui de retour de l’armée (Dassin montre ici volontairement l’engagement des immigrés pour leur pays d’adoption) voit que son père a perdu l’usage de ses deux jambes pour avoir fait confiance à un riche négociant en fruits et légumes aux méthodes crapuleuses. Son sang latin ne fait qu’un tour et il veut aussitôt venger son père. Il se met donc en cheville avec un transporteur roué qui cherche aussitôt à le « rouler ». Le paradoxe est qu’aussitôt en action Conte fait preuve de la même naïveté que son père, par atavisme familial sans doute comme l’a démontré Zola soixante plus tôt avec ses Rougon Macquart. Lspoiler: e voyage jusqu’à Frisco sera semé d’embûches et le jeune GI ne devra la vie qu’à son « futé » partenaire qui le sort d’affaire après qu’il se soit fait écrasé par son camion en tentant de changer une roue . Aussitôt arrivé à Frisco sur un immense marché fruitier, notre incorrigible commet les pires imprudences et bien sûr comme son père il sera l’objet des magouilles du grandiose Lee J. Cobb. Comme s’il fallait absolument que le fils passe par où le père est passé lui-même pour pouvoir accomplir son acte vengeur. Dans sa quête il va rencontrer une prostituée au grand cœur jouée par la magnifique actrice italienne Valentina Cortese. spoiler: Après avoir frôlé la catastrophe et avoir tout perdu il trouvera l’amour auprès de la fille de joie qui l’aura protégé durant tout son parcours initiatique . Un peu manichéen mais fort touchant avec un Lee J Cobb qui aurait sans doute mérité l’oscar du second rôle pour sa prestation digne de celle de Nick Nolte dans « Contre-enquête », tout en mélange de force et de veulerie. Magnifique.
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4,0
Publiée le 26 février 2014
D'après le roman d' A. I. Bezzerides « Thieves’ Market » , l'action de ce film noir admirable est situèe dans les halles de la ville de San Francisco, qui sont sous la coupe d'un gangster jusqu'au jour où un routier se dresse contre lui! Dans "Thieves' Highway", Jules Dassin refuse un cinèma fabriquè selon des normes industrielles et s'efforce d'imposer un film comme une oeuvre artistique à travers lequel l'auteur s'adresse avant tout à un public aimant l’authenticitè d’une histoire! Tournè en dècors rèels dans plusieurs villes de la Californie, ainsi que sur la fameuse route 99, Dassin offre des compositions marquantes à Richard Conte et surtout à Lee J. Cobb dont le masque ne peut guère s'oublier: des traits marquès, un regard sèvère, des yeux tombant vers le bas! il ètincelle en boss mafieux et arrogant! Le charme dèvastateur de Valentina Cortese fait aussi des ravages, un personnage èmouvant qu'on ne peut oublier dans nos mèmoires! On reconnaîtra ègalement dans les seconds plans (qu'il a toujours ètè) un certain Jack Oakie en camionneur loyal et honnête qui, pour aider Conte, s'èlèvera au gèant Lee J. Cobb! Au final, Dassin signe un excellent film de la veine rèaliste qui dèpeint les difficultès d'un groupe de travailleurs routiers en conflit avec les distributeurs en producteurs fruitiers! il est donc montrè ici que l'industrie est dirigèe par des menteurs, des voleurs et des assassins...
C'est l'histoire d'un fils d'émigrés grecs qui veut venger son père, ayant perdu ses jambes dans un accident de camion causé par un nommé Figlia, tenancier d'un marché filou qui roulerait sa propre mère si ça lui rapportait. Le propos de Jules Dassin est clair mais pas subtil : le prolétariat se fait exploiter par le capitalisme et cela doit changer. Mais ses convictions sont telles qu'on se laisse accrocher par cette histoire qui nous fait découvrir avec un réalisme assez saisissant les bas-fonds de San Francisco et les lois qui les régissent, avec ses commerçant malhonnêtes et ses camionneurs. Et face à un Lee J. Cobb décidément parfait quand il s'agit de jouer les salauds, Richard Conte s'avère parfait dans le rôle principal.
A ne pas confondre avec " les bas fonds new yorkais" de Fuller réalisé plus tard , " les bas fonds de frisco" ( le marché aux voleurs ) " market thieves" selon son titre original est le dernier film américain (1949 ) réalisé sur son sol par Jules Dassin.
On sait que son film suivant " les forbans de la nuit" sera bien produit par O'Seilznic, mais tourné à Londres et signera la dernière réalisation americaine du père de Joe Dassin.
Jules Dassin fut black listé lors de la période de la chasse aux sorcières et ne dénonça personne à la différence de certains de ses collègues.
Il le paya cher en terme de carrière et lorsqu'on visionne "market thieves" on ne peut que regretter le destin tragique du cineaste qui se fit briser les ailes professionnelles injustement.
Film noir a résonance sociale il met en avant les conditions parfois malhonnêtes et immorales de la réussite sociale au pays du libéralisme économique.
Au travers de l'histoire d'un marin démobilisé après la seconde guerre mondiale qui veut venger son père arnaqué par un grossiste en fruits et légumes influent, la critique sociale de Dassin et ses idées progressistes affleurent presque dans chaque scène.
On retiendra la prestation charismatique de Valentina Cortese, actrice italienne qui tentait sa chance aux usa ( on la reverra en fin de carrière dans " la nuit américaine " de Truffaut) ; tandis que Richard Comte acteur un peu fade, pas toujours convaincant, produit ici une de ses meilleures prestations ( Il sera, selon moi, à son meilleur niveau lorsqu'il sera plus âgé).
Sans doute un des opus les plus accomplis de Dassin, (la dernière demi-heure est, à mes yeux, la meilleure), on peut regretter toutefois certains dialogues pas toujours au point ( concentrés surtout dans la première demi-heure ) qui altèrent la fluidité du récit.
Dassin réussit comme toujours, le portrait du salaud ( incarné par l'excellent Lee J Cobb), personnage à la structure psychologique narcissique, perverse donc sans foi ni loi, visage de la réussite sociale qui suscite l'indignation.
Les amateurs du cinéma du patrimoine ne manqueront pas ce film, de haute tenue.
Un film noir remarquable par son approche documentaire du monde des grossistes, qui préfigurait "Sur les Quais" dans sa façon de filmer un milieu populaire, gâchée hélàs par quelques conventions hollywoodiennes dont un happy-end à contre-courant du reste et le personnage de la fiancée trop grossièrement vénale pour convaincre et de plus pas du tout utile à l'avancement de l'intrigue. Mais Jules Dassin parvient parfois à contrebalancer ces défauts en réalisant quelques séquences mémorables à l'image de celle cruelle où le meilleur ami du protagoniste meurt après un accident dans son camion en flammes, et en dirigeant de manière convaincante ses comédiens en particulier Lee J. Cobb dans le rôle d'une crapule, emploi dans lequel il excellera lors de la décennie suivante, et l'excellente Valentina Cortese, touchante dans le rôle prostituée au grand coeur. Certes imparfait, cette oeuvre permettait tout de même d'entrevoir le sombre pessismisme de son réalisateur qu'il portera à son aboutissement l'année suivante dans son chef d'oeuvre : "Les Forbans de la nuit".
"Thieve highway" est sans doute l'un de mes films favoris. L'histoire simple et directe d'un fils qui s'improvise chauffeur poids lourds pour aller venger son père à la ville. Il leur faut acheter des pommes,et la scène des Polonais vendeurs de pomme me rappelle mes grands parents. Sans temps de répit nous voilà à Frisco, la scène nous montrant l'arrivée de nick Garcos en ville, à l'aurore, la ville au loin, sur fond de corne de brume est juste mythique, même si elle ne dure que quelques secondes. Puis notre candide héro tombe dans la toile du maléfique Figlia. La rencontre avec une Rica au début insipide prend toute sa saveur au fil du film, leur ballade dans le frisco brumeux est juste superbe, boire un whisky dans un rad paumé et enfumé, le pied ! Richard Conte incarne dans ce film la virilité, pas besoin de tatouage ou de muscle, juste l'attitude, un brin possédé, jamais il ne tremble ni ne doute, c'est un homme en mission. "For my dad" conclu t'il de ses poings. La scène de fin est d'un kitchissisme superbe.