Barbarians n’est pas un bon film, c’est clair, pourtant il ne manquait pas d’arguments.
D’abord il y a le casting. Franchement les frères Paul avaient la carrure pour assurer des barbares crédibles. Pourtant c’est là où l’on voit qu’être un barbare ne se juge pas qu’aux muscles ! Ils jouent atrocement mal, n’ont aucune variété de jeu, et ils cabotinent de manière tellement outrancière que l’on dirait deux grands enfants. Il faut reconnaitre que les cris qu’ils poussent sont d’un risible effarant ! A leurs cotés il y avait quelques acteurs pas si mauvais : Richard Lynch, Berryman par exemple. Mais le second est presque invisible (pourquoi cette manie de le cantonner à des seconds rôles alors qu’il a un physique marquant ?), et le premier, qui a l’air bien fatigué, ne parvient pas à sauver son personnage caricatural et à la limite du ridicule avec son costume. Coté casting féminin il y a de très jolies actrices dont la charmante Eva LaRue que les aléas de la vie ont conduis d’atout charme de séries Z à experte sexy à Miami. Malgré le ridicule ambiant elle parvient vraiment à imposer sa photogénie naturelle et tire son épingle du jeu au milieu du marasme.
Coté scénario c’est franchement ridicule. Non seulement c’est d’une banalité totale, mais en plus Barbarians ne parvient même pas à la rendre crédible. Tout est risible, et même si une dose de second degré sans doute est volontaire (je pense en particulier à la tribu et à certaines facéties énormes des deux jumeaux), il ne faut pas pousser ! L’ensemble tire clairement vers le n’importe quoi. Il faut reconnaitre que le rythme est au rendez-vous à force de rebondissements nombreux et parfois s’incrustant un peu comme un cheveu sur la soupe, et il faut avouer qu’il y a des moments franchement marrants (au second degré toujours). Maintenant, c’est un spectacle assez régressif qu’il faudra apprécier.
Visuellement j’imagine un budget plutôt restreint, mais bon, c’est assez pathétique. Deodato est nettement moins à l’aise ici que dans ses films d’horreur. Sa mise en scène manque de souffle, d’envergure, de majesté, et si cela donnait un coté pleinement réaliste dans Cannibal Holocaust, ici ca renforce l’impression cheap et ringarde. La photographie est vraiment très banale, mais il faut avouer aussi que trouver un support correct à ce film doit relever de l’exploit. Les décors sont totalement pauvres, notamment dans le final qui est atroce. Les effets spéciaux ne sont pas en reste, avec des créatures bien mignonnes, mais terriblement mal fichues. Elles font plus pitié que peur, un peu comme le requin à deux têtes d’Asylum ! Musicalement c’est là encore très léger, avec pourtant Pino Donnagio aux commandes. Décidément, même avec ses arguments sur le papier, Barbarians est un ratage.
En clair, on a beaucoup tapé sur le Conquest de Fulci, mais c’est le Seigneur des Anneaux à coté de Barbarians de Deodato. Mal joué, doté d’un scénario pour enfant de 2 ans, visuellement très laid, il n’a pas un élément qui le rattrape. Toutefois je conçois que ce puisse être un très bon nanar, car il est dynamique et généreux. Il n’est pas mauvais par avarice, mais simplement car rien ne fonctionne comme prévu.