Ce voyage en Arménie est une experience passionante à plus d'un titre. Après un début qui semble mélodramatique au possible (une marseillaise va chercher son père malade dans un pays qu'elle ne connait pas, suite au départ surprise de celui ci alors qu'il devait être opéré), Robert Guedigian met rapidement en sourdine l'histoire de cette quète, sorte de Mac Guffin, pour s'intéresser au pays, à l'Arménie, et aux gens qui le peuplent. Notre héroine sera ainsi confrontée à un vieil homme très seviable et un peu simple qui lui servira de chauffeur, à un mafieu et ses acolytes peu recommendables, à un français recherché à Marseille pour braquage et qui s'est reconverti dans le lucratif commerce du médicament, à un jeune médecin plutôt idéaliste, et surtout à une jeune arménienne pleine de rêves mais confrontée à une réalité assez sordide. Décidemment, le réalisateur est passé maître dans la description des relations humaines, ce qui rend plausibles, passionantes, les différentes aventures de notre marseillaise, jusqu'aux contours du scénario qui semblent parfois un peu tarabiscotés. La prédominence du Mont Ararat, tout proche d'Erevan et sorte d'emblème de la fierté nationale, est sensible tout au long du film, de même que la pauvreté ambiante et les traffics mafieux qi règnent en cette période post soviétique. Il est probable que le problème des racines lointaines qui se pose à cette femme soit aussi celui du réalisateur. Cette quête de vérité fait tout le prix du film et l'habituel défaut du réalisateur (illustrer ses propres idées et convictions au travers des personnages) passe au second plan.