Même si je n'avais pas forcément adoré, loin de là In girum imus nocte et consumimur igni du même auteur, j'avais tout de même envie de voir ce qui semblait être la pierre angulaire de son oeuvre et j'ai fait la même erreur que pour son autre film, je l'ai vu en film, or là le bouquin existe et c'est ça que j'aurai dû lire.
J'ai les mêmes reproches, ces phrases interminables qui font qu'on a oublié le sujet à la fin ce qui rend le tout assez peu compréhensible et fluide. Cependant sachant que le fond pouvait réellement me plaire j'ai fait un effort de compréhension (bien que je reste persuadé qu'en livre ça passe mieux) et effectivement ce que dit Debord est très intéressant, assez captivant malgré la voix monocorde (qui peur transformer le film en très bon simulateur de sieste si on n'y fait pas gaffe) parce qu'il raconte un tas de trucs très vrais.
C'est un film que beaucoup de gens devraient voir je pense, notamment ceux qui viennent déféquer avec beaucoup d'autosatisfaction sur le soi-disant cinéma d'auteur qui serait chiant, réaliste, et qu'il ne va pas au cinéma pour voir ce qu'il voit dans la vie de tous les jours. Je pense que s'il est assez malin pour comprendre le centième de ce que raconte Debord (ce qui n'est pas gagné non plus) il devrait se remettre en question et remettre en question sa façon de consommer du spectacle.
J'ai particulièrement adoré le début où Debord parle de la superficialité du spectacle au détriment du vrai, pour moi qui suis sans cesse à la recherche du vrai (et donc du beau) au cinéma ça me parle forcément lorsque l'on voit les productions stéréotypés où rien n'est vrai, tout est faux avec des enjeux perchés au possibles et n'ayant plus rien à voir avec la réalité.
Ceci me rappelle aussi un court métrage de Godard : "Faut pas rêver/quand la gauche aura le pouvoir" qui expliquait que la télé n'a pas de rapport avec les gens, finalement c'est également (et malheureusement) le cas du cinéma ou du moins d'une partie du cinéma.
Après c'est un film très dense, voir même beaucoup trop et il faut s'accrocher pendant l'heure et demi que ça dure, du coup forcément on laisse passer des trucs, et contrairement à d'autres auteurs essayistes que j'apprécie (Godard ou Marker justement) il n'y pas une envie de faire de la poésie, de jouer avec le cinéma et ses caractéristiques pour créer le beau, Debord est juste là pour exposer sa thèse, ses idées.
J'essayerai de voir "Réfutation de tous les jugements, tant élogieux qu'hostiles, qui ont été jusqu'ici portés sur le film 'La société du spectacle'" pour voir à quel point il va dire qu'on s'est tous planté, mais je vais surtout tenter de me procurer son bouquin, parce que je ne suis pas certain d'avoir de réels points de désaccord avec lui, si ce n'est que finalement il montre des extraits d'Eisenstein, Ford, Welles... et que je les adore...
En tous cas une chose est certaine c'est que les idées de Debord sont intéressantes voir sans doute capitales.