Une belle surprise que ce film de guerre, qui semble aujourd'hui tombé dans l'oubli général. Le film a été pourtant une grosse production américaine à l'époque, et non britannique comme on pourrait le croire. C'est le premier film américain de Bryan Forbes, qui lui aussi semble être tombé dans l'oubli en tant que réalisateur malgré une vingtaine de film à son actif.
Ce qui étonne dans ce film sur la condition des prisonniers de guerre à Singapour durant la seconde guerre mondiale, c'est la quasi absence d'interaction avec les gardes japonais durant le film. Le camp de Changi y est dépeint comme un microcosme vivant en autarcie, totalement coupé du monde et reproduisant pourtant, à sa manière, les rouages de la démocratie sauvage. Les conflits sont internes et restent toujours entre les prisonniers du camps, bien loin des films chorales comme "La grande évasion", "Le pont de la rivière Kwai" ou "Stalag 17" qui vantaient l'unité patriotique internationale entre les prisonniers. Ici, les valeurs morales du monde extérieur vont peu à peu tomber sous la réalité des conditions de vie effroyables dans le camps. Un scénario adapté d'un roman autobiographique écrit par James Clavell, lui-même prisonnier à Singapour durant la guerre.
Ainsi King, un petit caporal américain, va devenir le roi du camps en utilisant ses méthodes plus pragmatiques qu'éthiques, mais semant derrière lui, jalousie, frustration, mais aussi respect et admiration. Ce personnage qui passe pour le héros du film, puisque le film en anglais ("King rat") porte son nom, n'a pourtant rien de vertueux et le scénario va nous le rappeler à la fin, lorsque le monde extérieur s'ouvrira à eux à la libération donnant plus de sens au titre français "Un caïd".