Chaussette surprise n’est malheureusement pas le meilleur film de Davy. Pour une fois, il s’éloigne de toute dimension érotique et livre une comédie populaire faiblarde. On retrouve de bons aspects du cinéma de Davy, notamment son ton bienveillant, léger, son sens du rythme aussi. Le film est sans temps mort. Par ailleurs, il y a des gags qui fonctionnent, des répliques amusantes, puis le casting est attrayant. On a une sacrée galerie de têtes du cinéma français de cette époque. Le quatuor Galabru-Haller-Rufus-Le Coq fonctionne bien, les acteurs sont complices, tout autant que le trio Lafont-Pascal-Karina, avec une mention spéciale pour Christine Pascal. Il y a également des seconds rôles excentriques fort sympathiques, entre autres Claude Piéplu. Comme vous voyez, Chaussette surprise n’est donc pas nul, il y a de bonnes choses, auxquelles on peut ajouter une bande son légère et guillerette.
Maintenant, il faut le dire franchement, il n’y a pas d’histoire. C’est assez fréquent chez Davy d’avoir une construction hachée, avec des sauts temporels, des glissements brutaux, un montage avec des ruptures étranges. En général ça marche, car on reste autour d’un ou deux personnages, dans un concept simple. Là, il y a énormément de personnages. On suit les quatre mecs, les trois femmes, et les trois femmes ont chacune leur propre arc narratif. De fait, on est toujours en train de naviguer d’un personnage à l’autre, ce qui donne le sentiment d’assister à quatre histoires en même temps, et de fait, d’avoir plus un film à sketch ou quatre courts métrages dispatchaient dans le désordre au sein d’un seul film. On ne voit pas trop bien où veut en venir le film, avec un vague message féministe au départ mais qui se perd rapidement, et au bout du compte on finit même par se demander ce qu’on regarde ! Tout est tellement mélangé, qu’avec le grain de folie de l’humour (on est un peu dans l’humour absurde) on a l’impression d’assister à un gros bordel sympathique mais foutraque au possible.
C’est dommage, car le film n’est pas déplaisant, il est visuellement assez propre, même si on sent le petit budget avec des décors restreints et souvent en intérieur. Mais ce n’est pas assez maitrisé, et l’ensemble paraît assez vain, parfois facile aussi, car tous les gags ne fonctionnent pas. Néanmoins, j’ai apprécié que le film ne verse pas dans le côté pouet-pouet trop souvent caractéristique de ce genre de comédies à l’époque. 2.5