C'est un film très sombre, tellement qu'on se sent devenir chlostrophobe. Oui il y a une trahison et après? Mais pourquoi? Qu'est ce qui fait cette volonté de vouloir trahir...? Pleins de questions qui ne se posent pas, et qui laissent le traitement de ce sujet si plat et superficiel. A des moments c'est mal joué et donc peu crédible... Dommage..."
Philippe Faucon a réalisé une oeuvre intéressante sur le plan thématique car il ne tombe pas dans le travers du film à thèse. Ne voulant pas caricaturer une situation complexe, il montre les deux forces en présence avec nuance. Chaque camp a ses raisons et les belligérants hésitent tous dans cette lutte absurde et inhumaine. C'est la grande force de l'auteur que d'avoir su restituer toute l'ambiguité d'une guerre sale. Il n'oublie pas les passages à tabac, ni même les tortures, mais rappelle aussi les atrocités commises par les indépendantistes extrêmes. Chacun en prend donc pour son grade. Malgré tout, on ressort avec un goût d'inachevé dans la bouche : les faibles moyens ne permettent pas au cinéaste de rendre sa guerre très graphique et son sens de l'épure ne sert pas toujours au mieux son propos. Une belle tentative d'éveil des consciences sur un sujet toujours aussi brûlant plus de quarante ans après.
Film juste, loin de tout propos pro-colonialiste ou pro-algérien, La Trahison surprend par une maîtrise de l'action et une absence totale de jugement hâtif et de manichéisme. Un grand film.
Un film faiblement réalisé, qui a parfois des relans d'amateurisme qui gênent. Le bon côté de la chose, c'est que le tout est crédible, les acteurs s'efforcant comme ils peuvent d'humaniser le récit. Le tout sonne un petit peu juste, mais intéresse grandement. C'est le principal, et si La Trahison est un petit film, son interêt historique et intellectuel est d'avantage marqué, marquant.
Pendant la guerre dAlgérie, un poste militaire français isolé est la proie de rumeurs de trahison. Philippe Faucon pose un regard sobre, rigoureux et lucide sur un conflit dont les plaies ne sont pas cicatrisées. Le réalisateur nous montre le quotidien dun poste militaire isolé dans le sud de lAlgérie en 1960, alors que la guerre dure depuis six ans. Le Lieutenant Roque (Vincent Martinez, peu convainquant) y commande une trentaine dappelés, avec pour objectif dassurer la sécurité du village voisin. Mais il ne se fait guère dillusions quant à la réalité dune mission consistant à maintenir lordre, par la force si nécessaire. Il apprend alors la trahison présumée de quatre musulmans faisant partie de sa section et en lesquels il a placé toute sa confiance, qui projetteraient de lassassiner. Une justesse de regard implacable, un univers complexe, une mise en scène dépouillée, épurée, on en vient à regretter que le réalisateur ait confié le premier rôle à Vincent Martinez qui ennuie le spectateur par son manque de charisme et de crédibilité. Un minimalisme de bon aloi de la part de Faucon, préférant aller à lessentiel. La Trahison aurait pu sappeler Les trahisons : celle de Roque, celle des officiers musulmans vis à vis de Roque, vis à vis des leurs. La Trahison serait donc un film passionnant sans linterprétation assez catastrophique des acteurs (sauf Ahmed Berrhama et les trois autres soldats dorigine algérienne). Faucon évite les clichés, va à lessentiel et montre la guerre qui se déroule dans la tête de ces hommes complètement perdus, ce qui, en un sens, est beaucoup plus spectaculaire que toute pyrotechnie pour aborder cet épisode encore frileux de notre histoire.
Voilà un regard différent sur la guerre d'Algérie, à travers la caméra de Philippe Faucon, et c'est magnifiquement montré. Le sentiments des soldats algériens, et leurs relations avec les soldats français, le racisme, les trahisons... Un film, me semble t-il, d'une grande justesse...