Un bon Hitchcock, prenant et plaisant. Réalisé en 1936, celui-ci intervenait après "Secret Agent" et se nomme "Sabotage" (attention aux confusions avec les titres français, totalement idiots !). Sir Alfred était au meilleur de sa forme et venait d'enchaîner, depuis 1934 "l'Homme qui en Savait Trop", "Les 39 Marches" et "Secret Agent". Ici, on est plus dans l'état d'esprit série B, sans grande surprise mais remarquablement mené. Développant le principe du flic infiltré tentant de débusquer un terroriste, notre bon vieux Hitch fait preuve d'une belle maîtrise, d'une mâturité qu'on ne lui connaissait pas avant. C'est-à-dire que sans grande ambition artistique, il parvient à tranformer une simple commande en excellent divertissement. Il ajoute une liaison imprévue à tout cela, et même un personnage d'enfant, capital pour la suite. A partir d'une telle base, une chose était déjà évitée : le whodunit. Pas de jeu de piste traînard, les rôles sont distribués dès le début. Ce n'est pas plus mal. La confrontation psychologique entre les deux protagonistes principaux avance avec rythme et tension. Et puis, il aurait été trop facile d'arriver au final comme cela. Alors, Hitchcock dirige une séquence propre à lui-même : sans dialogue, basée sur le découpage, les plans choisis, l'occupation de l'espace ou l'utilisation de la musique. Il distille ses informations avant, et augmente ainsi avec brio le suspense jusqu'à en atteindre le paroxysme pour un spectateur cloué car mesurant tous les risques de la situation, contrairement à son héros. Interprétation plutôt habile, intrigue bien menée, scénario soigné, effets de style évités (et par la-même une gratuité dans le film, que ce soit au niveau de la construction ou des images) et en prime, une fin surprenante en point d'interrogation. Sans génie, mais c'est bien le seul reproche qu'on pourrait lui attribuer.