Seraphim Falls est un western de qualité, même si celui-ci possède des défauts dont il aurait pu se passer. Je commence d’abord par l’interprétation. Elle porte indéniablement le métrage, et lui donne une bonne part de sa consistance. Le face à face Neeson-Brosnan est très convaincant, et les deux acteurs livrent des prestations solides et efficaces. Tout en sobriété l’un et l’autre, ils ne caricaturent pas leurs personnages à outrance, et c’est très bienvenu. Ces mêmes personnages ont d’ailleurs un vrai relief. Il y a plus de subtilité dans ces deux hommes que le scénario le laisse penser. En dehors du duo de tête, les autres acteurs ne manquent pas de qualités non plus, même si leur place est très limitée, il faut bien le dire.
Le scénario lui est basique en revanche. Le point de départ de l’affrontement Neeson-Brosnan est très classique. Par ailleurs le déroulement ne présente pas une grande originalité, et la fin n’est pas convaincante. Je ne parle pas nécessairement de la résolution du conflit, mais de l’intervention bizarre du personnage d’Angelica Huston. Elle semble juste là pour résoudre un problème scénaristique, et c’est assez problématique, car beaucoup trop visible. Par ailleurs le rythme laisse un peu à désirer. Si le film rentre vite dans le vif du sujet, après il traine en longueur par moment, et si le coté lent et contemplatif donne une certaine saveur mélancolique, parfois il y a clairement de l’abus. Le scénario tend aussi sur la fin à devenir répétitif, et au bout de 2 heures il est temps que ca s’arrête.
Visuellement en revanche, il n’y a rien à dire. La mise en scène est très efficace, donnant de l’ampleur aux paysages, suivant la traque en forêt avec talent. Les cadrages et les plans sont travaillés, et c’est vraiment plaisant. La photographie est elle aussi superbe, et met sensiblement en valeur les paysages. Ces-derniers sont simplement magnifiques, et font probablement partie des plus splendides que j’ai pu voir dans un western. Très variés, ils sont remarquables à tout point de vue. Seraphim Falls avec ces qualités parvient indéniablement à se doter d’une ambiance très particulière. Si le début est assez banal de ce coté là, plus le métrage n’avance et plus s’installe une atmosphère irréelle, impalpable, faite d’apparitions surprenantes. Il y a une vraie poésie qui se dégage du film, éthérée et onirique. Bon boulot de ce coté là. La musique est par ailleurs très belle, et joue parfaitement son rôle, faire glisser le spectateur dans cette ambiance singulière.
Pour conclure Seraphim Falls est un bon film solide, surtout pour celui qui acceptera ses longueurs, et son scénario trop basique. S’il pèche en effet sur ce point (très important dans un western pour se démarquer), il fait néanmoins sur la forme un travail sans bavure, et bénéficie d’une interprétation convaincante. Pour une première réalisation cinéma, David Von Ancken livre une partition très honorable, maintenant à lui de pousser la prochaine fois, un peu plus loin le fond de son métrage.