Le western est un genre qui se fait assez discret ces derniers temps même si certains films tentèrent de relancer le genre ("Appaloosa", "Blackthorn", "True Grit", "Shérif Jackson", "The Salvation") ; alors quand il y en a un qui sort ou lorsque je tombe sur un en dvd, je suis content et impatient de voir ce que cela va donner. C’est donc dans une foire à 5€ que je suis tombé sur "Seraphim Falls", et dès le départ, le film donne le ton : on découvre un homme dans des montagnes enneigées qui se voit attaquer par des hommes à cheval. Grâce à sa vivacité d'esprit, il échappe de justesse à la mort, et doit s’enfuir. Cependant ses poursuivants ne comptent pas le laisser filer : s'engage alors une folle et longue course poursuite…On se laisse finalement assez vite prendre par cette étrange histoire de chasse à l’homme tant par la curiosité de connaître les raisons de cette poursuite que par les images superbes de somptueux décors naturels de l’Oregon et du Nouveau-Mexique (collines verdoyantes, plaines enneigées, montagnes escarpées, déserts arides : il y en a pour tous les goûts !). Plus nous avançons dans le métrage plus nous en apprenons sur leur passé respectif ; mais lorsque la vérité nous est enfin dévoilée, le film nous pousse à prendre parti pour l’un des deux protagonistes alors qu’ils ont tous les deux mal agi tout en ayant des circonstances atténuantes. L’exposition du spectateur à un dilemme moral est plutôt subtil et bien amené, mais au-delà de cette idée originale, "Seraphim Falls" va plus loin en nous proposant un final étrange aux limites du surréalisme qui est certainement son principal point fort, mais aussi son pire défaut : si on a déjà réussi à tenir jusque là sans arrêter le visionnage (la longueur de certains passages doublé à la lenteur de base du rythme du film peuvent en rebuter plus d’un !), on se retrouve d’un coup plongé dans un sentiment d’incompréhension et de malaise tant les évènements se déroulant devant nos yeux sont déroutants et emprunts d'onirisme. Chacun est libre d’interpréter cette étonnante fin comme il l’entend (
Pour ma part, je partirais sur un trip un peu mystique : Gideon et Carver meurent de soif et de fatigue à l’entrée du désert et à partir de ce moment, ils se retrouvent dans une sorte de purgatoire dans lequel ils sont interpellés par des guides et tentateurs représentés par l’indien et la vendeuse de produit miracle, et le but de tout cela est de les amener à se rendre compte que, au lieu de vivre à nouveau suite à ce tragique événement qui aura détruit leurs vies, ils ont continué de façon totalement absurde jusqu'à la limite de la folie pure. Obtenant tous deux ainsi à la fin la rédemption lorsqu’ils se séparent dans des directions différentes.
) Niveau casting, la première rencontre entre Liam Neeson et Pierce Brosnan donne lieu à une double prestation très forte, confirmant le talent de chacun (vu que le film ne se concentre à 95% sur leurs deux personnages, il aurait vraiment été dommage qu’ils n’assurent pas devant l’écran !). Même s’ils n’ont pas un rôle très important, on peut noter la bonne prestation de Michael Wincott en mercenaire baroudeur et la jolie performance à la fois burlesque et d'Anjelica Huston en « apparition divine ». Pour sa première incursion en dehors des séries TV, David Von Ancken, à défaut de réaliser une bobine révolutionnaire, parvient à proposer un métrage original dans sa construction narrative et notamment son étonnant dénouement. Le film vaut aussi pour la belle opposition entre Liam Neeson et Pierce Brosnan : deux irlandais de souche s’affrontant dans le far west poussiéreux, c’est tout de même une belle expérience !